L’équipe nationale féminine U19 de basketball du Mali n’a pas pu se rendre à Brno, en République tchèque, pour participer à la Coupe du monde qui a débuté le 12 juillet. En cause : le refus des autorités tchèques de délivrer les visas nécessaires. Une situation dénoncée par le ministère malien des Sports comme une manœuvre visant à exclure délibérément le Mali de la compétition.
Championnes d’Afrique 2024, les jeunes basketteuses maliennes avaient pourtant entrepris toutes les démarches requises, selon les autorités de Bamako. Faute d’ambassade tchèque sur le sol malien depuis 2022, les demandes ont été transmises à l’ambassade tchèque à Dakar et à celle d’Espagne à Bamako, habilitée à relayer certaines demandes de visas Schengen. Malgré ces démarches, aucun visa n’a été délivré à temps. « Une perfidie inédite », s’est insurgé le ministère, qui a saisi la Fédération internationale de basketball (FIBA).
La République tchèque a fermé son ambassade à Bamako en 2022. Elle justifie cette décision par la dégradation de la situation sécuritaire au Mali, mais aussi par la rupture progressive du pays avec ses partenaires européens et son rapprochement stratégique avec Moscou et les paramilitaires russes de Wagner, devenus Africa Corps. Ce contexte a détérioré les canaux diplomatiques classiques, compliquant considérablement les procédures de visas pour les délégations maliennes.
Privé de compétition internationale, le Mali perd une occasion de renforcer sa visibilité sportive sur la scène mondiale. Mais au-delà du sport, cette affaire pourrait exacerber les tensions entre le Mali et plusieurs chancelleries européennes, notamment en matière de mobilité, de coopération culturelle et d’événements internationaux. La réponse attendue de la FIBA pourrait également poser un précédent sur la responsabilité des pays hôtes dans l’accès équitable aux compétitions.
Depuis le double coup d’État de 2020 et 2021, le Mali, dirigé par une junte militaire, a opéré un virage stratégique vers la Russie, rompant progressivement avec la France et ses alliés européens. Cet isolement croissant a des conséquences concrètes, comme en témoigne le cas de cette équipe U19. L’absence d’ambassade ou de structure consulaire fonctionnelle dans plusieurs pays européens rend la participation du Mali à des événements internationaux de plus en plus complexe.
Les joueuses maliennes, qui devaient affronter l’Australie, la France et le Brésil lors de la phase de groupes, voient leurs efforts anéantis sans avoir foulé le parquet. Pour ces jeunes athlètes, formées avec rigueur et espoir, cette exclusion est une injustice. Elle rappelle aussi que les crises diplomatiques et les choix géopolitiques ne sont jamais sans effet sur les parcours individuels, en particulier ceux de la jeunesse africaine.