Vincent Biruta s’est longuement exprimé devant les parlementaires, ce jeudi après-midi, pour discuter des relations diplomatiques avec les pays voisins et surtout avec la République démocratique du Congo.
Vincent Biruta est revenu sur les tirs lancés par son pays contre un avion d’attaque congolais, deux jours plus tôt, que les autorités rwandaises accusent d’avoir violé son espace aérien. Pour le chef de la diplomatie rwandaise, il s’agit une « provocation de plus », après deux autres incidents similaires ces trois derniers mois, destinée à « pousser son pays vers la guerre ». « Ils l’ont fait pour leurs propres raisons », dit-il encore.
Le ministre a affirmé une nouvelle fois que la RDC ne respecte pas les accords conclus le 23 novembre à Luanda. D’après lui, les autorités congolaises continuent de s’allier avec certains groupes armés dont les FDLR et aucune mesure n’a été prise pour le retour des réfugiés dans leur pays. Vincent Biruta dénonce également les violences contre les communautés rwandophones à l’est de la RDC, qu’il déclare passées sous silence par la communauté internationale. « Nous ne nous tairons jamais face à ce problème », affirme-t-il.
Enfin, Vincent Biruta appelle au respect de l’intégrité territoriale de tous les États. « Il est important de reconnaître la valeur de la souveraineté du Rwanda, et que cette souveraineté soit respectée et estimée. Et c’est aussi important que nous soyons prêts à la défendre. »
Mardi, les autorités congolaises avaient dans un communiqué démenti avoir violé l’espace aérien rwandais, et dénoncé les tirs visant leur avion de combat, une action « délibérée d’agression qui équivaut à un acte de guerre ».
Le fait que le gouvernement congolais ait considéré le tir sur l’avion militaire des FARDC comme une « action délibérée d’agression équivalant à un acte de guerre » a sérieusement inquiété les chancelleries occidentales, d’après plusieurs diplomates en poste à Kinshasa qui tentent de relancer le processus de désescalade, observe notre correspondant sur place Patient Ligodi.
La médiation n’est pas facile. Par exemple, Kigali se montre méfiant vis-à-vis des États-Unis suite aux prises de position jugées pro-RDC. La même attitude ou presque est observée par Kinshasa, cette fois-ci à l’égard des autorités françaises.
Les proches du président Félix Tshisekedi estiment que la France ménage le Rwanda dans ce conflit. La venue d’Emmanuel Macron dans la capitale congolaise prévue en mars pourra peut-être faire bouger les lignes.
Parallèlement, les puissances occidentales comptent toujours sur les initiatives régionales pour parvenir à la désescalade.
Certaines d’entre elles sont moins optimistes par rapport au processus de Nairobi qui se présente davantage comme un dialogue entre Congolais, excluant tant le M23 que les acteurs influents étrangers comme le Rwanda.
Nombre de pays occidentaux intéressés par la crise comptent davantage sur Luanda avec une plus grande implication du président angolais Joao Lourenço.
Hadja Lahbib, ministre fédérale belge des Affaires étrangères, se rendra à Kinshasa au début du mois de février. Avant son arrivée dans la capitale congolaise, elle sera à Luanda.
rfi