Le Mozambique a inauguré son premier laboratoire d’ADN médico-légal, un projet ambitieux visant à améliorer l’efficacité des enquêtes criminelles dans le pays. Ce laboratoire permettra de traiter jusqu’à 200 échantillons par jour, réduisant considérablement les délais d’obtention des résultats, qui seront désormais disponibles en 2 à 4 jours selon la complexité des cas. Selon Nelson Rego, directeur général du Service national des enquêtes criminelles, cette installation marque une étape cruciale dans la capacité du pays à résoudre les affaires non élucidées jusqu’à présent, notamment les homicides, les agressions sexuelles et les disparitions.
L’inauguration de ce laboratoire d’ADN revêt une grande importance pour le système judiciaire du Mozambique. Auparavant, les autorités étaient contraintes d’envoyer les échantillons à l’étranger, principalement en Afrique du Sud, pour analyse. Cette dépendance coûteuse et chronophage ralentissait considérablement le processus judiciaire. Le nouveau laboratoire, qui est l’un des rares en Afrique australe, va non seulement rendre les résultats plus rapidement disponibles, mais aussi offrir une plus grande autonomie aux forces de l’ordre. Cette évolution représente un tournant dans la manière dont le pays va aborder la justice pénale.
Le lancement de ce laboratoire d’ADN s’inscrit dans un contexte où le Mozambique peine depuis longtemps à résoudre de nombreux crimes, notamment ceux liés à des conflits internes et à des violences sexuelles. Depuis la fin de la guerre civile en 1992, le pays a continué à faire face à des défis majeurs en matière de sécurité et de justice. L’absence de technologies modernes de recherche criminelle a souvent empêché les autorités de résoudre des affaires complexes, ce qui a alimenté un sentiment d’impunité. Le gouvernement, sous l’impulsion de la communauté internationale et des organisations de défense des droits humains, a donc pris des mesures pour moderniser le système judiciaire et renforcer la lutte contre la criminalité.
L’impact de ce laboratoire sur la résolution des crimes au Mozambique pourrait être considérable. En plus de faciliter l’identification des victimes dans des situations de catastrophes ou de décomposition avancée, il jouera un rôle clé dans la détermination des responsabilités en cas d’agression ou d’enlèvement. Ce projet ne se limite pas à la résolution des affaires actuelles, mais il ouvre aussi des perspectives pour la formation de personnel spécialisé, l’amélioration de la chaîne de preuve et la promotion d’une plus grande transparence dans les enquêtes criminelles.
De nombreux experts et défenseurs des droits de l’homme saluent cette initiative comme un progrès significatif pour le système judiciaire du Mozambique. L’avocat et activiste pour les droits humains, Maria dos Santos, a exprimé son soutien, soulignant que “ce laboratoire est une avancée dans la lutte pour la justice, car il permet de traiter les affaires avec plus de rigueur et de rapidité”. Cependant, certains mettent en garde contre les défis qui resteront à surmonter, notamment en matière de formation continue des personnels et de financement durable pour maintenir l’opérationnalité du laboratoire à long terme.
Bien que l’inauguration du laboratoire soit un progrès important, les autorités devront veiller à ce que ses capacités d’analyse ne soient pas limitées par des facteurs externes, tels que la qualité des échantillons ou les coûts des matériaux nécessaires. Par ailleurs, le pays devra renforcer les infrastructures et la collaboration entre les différents acteurs du système judiciaire pour garantir une utilisation optimale de cette technologie. Les prochaines étapes comprendront également une plus grande intégration du laboratoire dans les processus judiciaires et la mise en place de protocoles de sécurité pour garantir l’intégrité des données génétiques traitées.