L’Agence nationale pour le contrôle des aliments et des médicaments (NAFDAC) du Nigéria a récemment procédé à la saisie de plusieurs milliers de produits pharmaceutiques non conformes ou périmés, dont une grande partie provenait des programmes de l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement international) et de l’UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population). L’opération a permis de confisquer pas moins de 87 camions chargés de médicaments interdits, d’antirétroviraux et de préservatifs, évalués à près de 667 millions de dollars.
L’enquête menée par la NAFDAC a mis en lumière de graves dysfonctionnements dans la gestion de ces produits, avec des violations des normes de stockage et de distribution. Les médicaments, dont certains étaient destinés à traiter des patients vivant avec le VIH, ont été retrouvés dans des conditions de stockage inappropriées, souvent exposés à des températures excessives atteignant 40°C. Cela a rendu certains produits inefficaces et d’autres carrément dangereux. Ces pratiques soulignent la fragilité du système de distribution de médicaments, particulièrement ceux fournis dans le cadre de programmes internationaux.
Ce scandale survient dans un contexte où le Nigeria, en tant que plus grande économie d’Afrique, est sous pression pour assurer la bonne gestion des aides internationales destinées à améliorer la santé publique. L’USAID et l’UNFPA font partie des plus grands bailleurs de fonds en matière de santé en Afrique subsaharienne. Cependant, les difficultés logistiques et la corruption dans certaines régions du pays compliquent la distribution efficace de ces aides, mettant en péril les efforts de lutte contre des maladies telles que le VIH, le paludisme et les infections sexuellement transmissibles.
L’ampleur de cette saisie et les violations qui ont été révélées portent un coup sévère à la réputation de l’USAID et de l’UNFPA. Si ces entités ont toujours été perçues comme des partenaires essentiels dans la lutte contre les problèmes de santé publique en Afrique, ce scandale pourrait entraîner des conséquences importantes. En plus de nuire à la confiance des populations locales dans ces programmes d’aide, l’incident pourrait conduire à une réévaluation des mécanismes de contrôle des aides internationales au Nigeria, avec des impacts potentiellement négatifs pour d’autres pays bénéficiaires.
Sur le terrain, plusieurs témoins ont rapporté que les médicaments périmés étaient souvent revendiqués dans des pharmacies illégales et vendus à des prix dérisoires, exposant les populations les plus vulnérables à des risques graves pour leur santé. « C’est un coup dur pour nous, les malades », explique un patient vivant avec le VIH dans la capitale Abuja. « Ces médicaments étaient notre seule chance d’avoir une vie normale, mais maintenant, nous ne savons plus à qui faire confiance. » Le ministre de la Santé nigérian a promis d’intensifier les inspections et d’assurer des sanctions plus sévères contre ceux qui enfreignent les règles sanitaires.
En réponse à ce scandale, les autorités nigérianes ont annoncé qu’elles mettraient en place des mesures plus strictes pour réguler la distribution des médicaments, en particulier ceux fournis par des organisations internationales. Des experts estiment que le pays doit renforcer ses capacités de contrôle, notamment en matière de stockage, pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent. Le Nigeria, qui fait face à une crise sanitaire multiple, ne peut se permettre d’ignorer cette alerte sur les failles de son système de gestion des médicaments.