Au Gabon, les Forces de défense et de sécurité (FDS) sont confrontées à une exigence présidentielle d’exemplarité. Le président de la transition, le général Oligui Nguema, s’est adressé aux troupes le 3 janvier, les appelant à une conduite irréprochable. Cette prise de parole intervient dans un contexte de séries de cérémonies de vœux pour l’année 2024 et fait suite à des accusations de violences commises par les FDS.
Les FDS sont accusées d’actes de violence sévères, incluant le passage à tabac et le meurtre de deux citoyens gabonais pour non-respect du couvre-feu. Ces incidents ont profondément ébranlé la nation. Dans sa communication, le général Nguema a insisté sur l’importance de la discipline, déclarant : « Certains de nos agissements peuvent entacher cette confiance retrouvée. J’attends donc de vous un plus fort attachement à la discipline, qui est la force principale des armées. »
Le Gabon traverse une période délicate depuis le coup d’État du 30 août, qui a propulsé le général Oligui Nguema au pouvoir. La situation est d’autant plus complexe que les forces armées, pilier de la transition, sont impliquées dans des crimes présumés durant cette période. Ces événements s’inscrivent dans un historique plus large de tensions, notamment les troubles liés à la crise électorale de 2016.
Vers un Changement de Cap ?
Le général Nguema a également exhorté les gradés à sanctionner tout comportement délictueux au sein des FDS. Cette démarche est saluée par l’ONG SOS Prisonniers, bien que des inquiétudes persistent concernant l’application effective de ces directives. Firmin Ollo Obiang de SOS Prisonniers souligne l’importance de la discipline et de la sécurité en ces temps cruciaux, tout en exprimant un optimisme prudent quant à l’impact des annonces du président.
Attentes de la Société Civile
La réaction de la société civile, représentée par des organisations telles que le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), met en lumière la demande d’une véritable mise en œuvre des promesses présidentielles. Jeanne Clarisse Dilaba, membre de Redhac, insiste sur la nécessité pour l’armée de remplir son rôle de protecteur, et non d’agresseur. Elle exprime l’espoir que les coupables de tout abus soient tenus responsables.
Jusqu’à présent, trois militaires ont été arrêtés en lien avec les incidents récents, mais la société gabonaise et les observateurs internationaux attendent des actions plus concrètes. La période de transition actuelle est cruciale pour déterminer l’avenir du Gabon en termes de gouvernance et de respect des droits de l’homme. La pression sur le président Oligui Nguema et les FDS reste forte pour transformer les paroles en actes significatifs.