Pour sa première visite bilatérale dans un pays de l’Afrique de l’Ouest depuis son investiture, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a choisi Cotonou. Reçu le 16 juillet par son homologue béninois Patrice Talon, il a abordé les grands dossiers régionaux, notamment la réforme des organisations sous-régionales – Cédéao et UEMOA – ainsi que les enjeux sécuritaires dans le Sahel et le golfe de Guinée.
Le tête-à-tête entre les deux dirigeants a été l’occasion d’un échange direct sur les crises qui secouent la région. La Cédéao, confrontée à une défiance croissante de plusieurs États membres, et l’UEMOA, secouée par le retrait annoncé de pays clés, figurent en tête des priorités communes. Diomaye Faye a réaffirmé son attachement à une réforme profonde de ces institutions, les jugeant inadaptées aux réalités actuelles. Patrice Talon, lui, a salué cette posture, en résonance avec ses prises de position passées.
Cette convergence intervient dans un contexte tendu. Le 12 juillet à Lomé, le ministre burkinabè des Finances, représentant de l’Alliance des États du Sahel (AES), s’est vu refuser la présidence du Conseil des ministres de l’UEMOA. Une décision qui a provoqué le départ des délégations du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Talon et Faye, tout en évitant toute escalade verbale, ont annoncé des initiatives de médiation. Leur objectif : renouer le dialogue avec les États de l’AES, sans pour autant sacrifier la stabilité institutionnelle.
Cette rencontre marque aussi un virage dans la diplomatie sénégalaise. Jusqu’ici concentré sur la scène nationale, le président Faye fait de l’ancrage régional une priorité. Son choix du Bénin, partenaire économique discret mais constant, envoie un signal : la relance de la coopération ouest-africaine doit passer par des axes bilatéraux solides, en parallèle des mécanismes multilatéraux. Pour Cotonou, c’est une première depuis 2016 qu’un chef d’État sénégalais foule le sol béninois.
Patrice Talon plaide depuis plusieurs années pour une révision des traités de la Cédéao et de l’UEMOA. Isolé dans ses propositions, il pourrait avoir trouvé en Diomaye Faye un soutien de poids. Les deux hommes évoquent une vision partagée : recentrer les institutions régionales sur les priorités des peuples, renforcer leur légitimité politique et améliorer leur efficacité opérationnelle.
Face à la progression des groupes armés dans le nord du Bénin, Diomaye Faye a exprimé son soutien au gouvernement béninois, soulignant la nécessité d’une coopération accrue en matière de sécurité. Le Sénégal, moins exposé sur le plan militaire que ses voisins sahéliens, pourrait jouer un rôle accru dans les efforts de stabilisation régionale, notamment dans le cadre d’un mécanisme renouvelé de la Cédéao.