Le 6 mai dernier, le Rwanda et Singapour ont signé un accord historique pour la création d’un marché carbone bilatéral. Cet accord, signé sous l’égide de l’Accord de Paris, vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en créant de nouvelles opportunités économiques, notamment à travers des investissements dans des projets verts au Rwanda. L’accord a été mis en place après les discussions de la COP-climat de Bakou en novembre dernier, où les mécanismes de l’article 6 de l’Accord de Paris ont été rendus opérationnels.
Ce partenariat permettra à Singapour de compenser ses émissions de carbone, un objectif majeur pour ce pays insulaire qui cherche à atteindre ses engagements climatiques. Singapour, avec ses industries et son secteur énergétique très polluants, cherche ainsi à trouver des solutions viables pour atteindre la neutralité carbone. Le Rwanda, quant à lui, envisage cet accord comme une occasion de stimuler son économie verte, notamment par la création d’emplois dans les secteurs de la préservation des forêts et des énergies renouvelables.
L’accord entre le Rwanda et Singapour s’inscrit dans une dynamique plus large initiée par l’Accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement climatique mondial. L’article 6 de cet accord permet la création de mécanismes de marché permettant aux pays de compenser leurs émissions via des projets de réduction de carbone. Ce marché permet de faciliter l’atteinte des objectifs climatiques tout en générant des flux financiers pour les pays en développement. Ce modèle présente des avantages pour les pays comme le Rwanda, qui peuvent ainsi attirer des financements pour des projets environnementaux.
La mise en place de ce marché carbone pourrait être un modèle à suivre pour d’autres pays africains, mais plusieurs défis restent à surmonter. L’un des principaux enjeux réside dans la transparence des projets financés, un point sur lequel les acteurs comme Marc Baudry insistent. Bien que cet accord soit un cadre initial, il est crucial que les réductions d’émissions soient vérifiables et réellement efficaces. En outre, la question de la tarification du carbone demeure un point de vigilance, car les prix sont encore négociés de manière informelle entre les parties prenantes.
Le prix de la tonne de carbone, souvent négocié en dehors des marchés publics, est un autre aspect central de cet accord. Singapour applique actuellement une taxe carbone, avec un prix de référence fixé autour de 45 dollars la tonne. Bien que ce prix soit inférieur à celui des marchés européens des quotas carbone, il constitue un seuil de référence pour les transactions dans le cadre de cet accord. Selon Marc Baudry, cette tarification devrait permettre une certaine flexibilité tout en garantissant que les projets financés génèrent des réductions concrètes des émissions.
Cet accord entre le Rwanda et Singapour pourrait marquer un tournant dans la coopération internationale en matière de climat, en reliant des marchés carbone émergents à des pays en développement. Si les mécanismes sont bien mis en œuvre, cet accord pourrait non seulement aider Singapour à atteindre ses objectifs climatiques, mais aussi offrir au Rwanda une plateforme pour développer une économie verte durable.