Le Conseil de la nation, l’équivalent du Sénat algérien, a annoncé ce mercredi 26 février la suspension de ses relations avec le Sénat français. Cette décision intervient en réponse à la récente visite de Gérard Larcher, président du Sénat français, dans la ville de Laâyoune, située dans le Sahara occidental, un territoire que le Maroc considère comme faisant partie de son territoire national et que l’Algérie soutient pour son indépendance via le Front Polisario.
Gérard Larcher est arrivé à Laâyoune le lundi 24 février pour une visite qui a duré deux jours. Lors de son séjour, il a exprimé sa vision des relations franco-marocaines, qualifiant cette étape de « moment singulier ». Larcher a affirmé que le soutien de la France au plan d’autonomie du Sahara occidental sous la souveraineté marocaine était désormais une politique étatique officielle, renforçant ainsi la position de Paris en faveur de Rabat. Ces déclarations font écho au virage diplomatique amorcé par Emmanuel Macron en 2024, qui a rompu avec la position traditionnelle de la France, jusqu’alors alignée sur les résolutions de l’ONU concernant ce conflit.
Le Sahara occidental, anciennement une colonie espagnole, est une région au statut non défini par l’ONU, et contrôlée en grande partie par le Maroc. Cependant, les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie, revendiquent l’autodétermination du territoire. Cette situation complexe dure depuis plus de 50 ans, avec des tensions constantes entre le Maroc, l’Algérie et les forces indépendantistes. La position de la France sur ce dossier a toujours été un sujet de discordes, et l’alignement récent de Paris sur la politique marocaine a exacerbé les relations avec Alger.
La suspension des relations avec le Sénat français, y compris la résiliation du protocole de coopération parlementaire signé en 2015, représente une escalade significative dans la crise diplomatique entre les deux pays. Alger considère la visite de Larcher comme une provocation, la qualifiant d’« irresponsable et ostentatoire ». Cette décision pourrait marquer une nouvelle ère de tensions entre les deux puissances, avec des répercussions sur les échanges politiques, économiques et diplomatiques.
Ce geste de rupture avec le Sénat français pourrait également affecter d’autres domaines de coopération bilatérale entre la France et l’Algérie. Des voix s’élèvent déjà en Algérie pour dénoncer le soutien français au Maroc, soulignant que Paris a pris parti de manière unilatérale dans un conflit qui oppose deux pays voisins et aux enjeux géopolitiques considérables pour le Maghreb. Ce climat de tension pourrait mener à un renforcement des alliances d’Alger avec d’autres acteurs internationaux, tout en compliquant les relations avec Paris, autrefois un partenaire clé.
Cette crise diplomatique n’est pas sans conséquence sur le terrain. Les observateurs prédisent que cette rupture pourrait se traduire par des répercussions sur d’autres dossiers de coopération, notamment en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme, où la France et l’Algérie ont souvent collaboré. L’Algérie pourrait renforcer ses liens avec d’autres puissances comme la Russie ou la Chine, qui ont des intérêts dans la région. Du côté marocain, le soutien français est perçu comme un renforcement de la légitimité de sa souveraineté sur le Sahara occidental, mais il reste à voir comment cet appui affectera les dynamiques régionales à long terme.