A quelques heures de la tenue de la 5ème session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement (CCEG) de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) prévue ce 15 décembre 2023, les autorités gabonaises gardent espoir d’obtenir la réintégration du Gabon au sein de l’institution et le maintien du siège de la CEEAC à Libreville. Car à la suite du coup d’Etat du 31 aout dernier ayant renversé l’ex président Ali Bongo Ondimba, les chefs d’Etat de la CEEAC avaient suspendu le pays de l’institution et transférer son siège à Malabo en Guinée équatoriale. En effet, pour obtenir la réintégration du Gabon au sein de la CEEAC, le président de la Transition gabonaise Brice Clotaire Oligui Nguéma n’a cessé de multiplier des opérations de charme diplomatique notamment dans la sous-région, pour se faire accepter. En commençant par le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema (président en exercice de la CEEAC en remplacement d’Ali Bongo) quelques jours après le coup d’Etat, pour finir avec le président camerounais Paul Biya, doyen de la sous-région, dont les avis devront compter pour la décision finale de réintégrer le Gabon ou non au sein de l’institution. Et au cours de sa dernière visite à Yaoundé le 6 décembre dernier, le président de la transition gabonaise avait reconnu être allé « implorer la clémence du Grand Doyen de la sous-région Paul Biya afin que le Gabon revienne au sein de la CEEAC (…) et le Président Paul BIYA nous a promis son soutien total (…) d’autant plus qu’il y a un sommet extraordinaire de la CEEAC qui va se jouer le 15 Décembre prochain à Malabo», avait-il affirmé au terme de sa visite officielle au Cameroun le 6 décembre dernier.
Pour amener les chefs d’Etat à lever les sanctions contre le Gabon, le président de la Transition gabonaise au cours de ces différentes visites auprès de ses pairs de la CEEAC (un regroupement de 11 pays de la sous-région) n’a cessé de présenter le bien fondé du coup d’Etat au Gabon qu’il qualifie de « coup de la libération » et qui s’est déroulé sans « effusion de sang ».
Cependant, à moins de deux jours du sommet extraordinaire de la CEEAC, il est difficile de savoir si les chefs d’Etat vont consentir ou non à lever leurs sanctions contre le Gabon.
Inquiétude du personnel de la CEEAC
Au-delà des autorités gabonaises, des voix s’élèvent au sein de la CEEAC pour dénoncer la décision de la délocalisation temporaire du siège de l’institution de Libreville pour Malabo. D’abord les commissaires, qui, dans une lettre adressée au président de la Commission CEEAC Gilberto Da Piedade Verissimo le 28 novembre dernier, s’indignent de n’avoir pas été associés à cette décision. Par ailleurs, pour eux les modalités d’application de ce déménagement laissent plusieurs zones d’ombres et des interrogations. Notamment sur la situation financière actuelle de l’institution et sa capacité à supporter le cout financier de cette opération qui doit d’après eux tenir compte des dispositions du statut du personnel de la CEEAC. Pour les cinq commissaires de la CEEAC ayant signé cette lettre, le coût de la mise en œuvre de la décision de la délocalisation sera « très onéreux par rapport aux ressources dont dispose la commission », regrettent-ils. Ceux-ci remettent également en question les fondements juridiques de cette décision. Car, d’après eux, la décision des présidents de la CEEAC devait être suivie par la publication, au journal officiel de la CEEAC, d’une décision juridique. « Sauf erreur de notre part, au-delà de l’annonce de délocalisation mentionnée dans le communiqué final du 4 septembre 2023, la décision de délocalisation temporaire proprement dite … dûment signée par le président en exercice n’a jamais été rendue publique pour nous servir de référence. » indiquent-ils.
Aussi dénoncé au sein de l’institution, le manque de transparence ainsi que la qualité de la gouvernance administrative et financière de l’organe exécutif de cette Communauté.
Alors, que ce soient les autorités de Libreville ou encore le personnel de la CEEAC, tous sont suspendus à la décision des chefs d’Etat à l’issue de leur rencontre de ce 15 décembre. Et au cas où la sanction est maintenue, la délocalisation du personnel de l’institution à Malabo en Guinée équatoriale devrait se faire au plus tard le 3 janvier 2023 comme prévu dans le calendrier rendu public par la commission de la CEEAC le 15 novembre dernier,
Vanessa Ndong