Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche suscite des réactions contrastées sur le continent africain. Si ses positions souverainistes et son approche transactionnelle des relations internationales inquiètent certains, elles séduisent d’autres, notamment des dirigeants autoritaires en quête de légitimité ou d’indépendance stratégique.
Donald Trump a toujours valorisé des relations basées sur des intérêts mutuels plutôt que sur des principes démocratiques. En 2019, il n’avait pas hésité à qualifier Abdel Fattah al-Sissi de « dictateur préféré », malgré les critiques des défenseurs des droits de l’homme. Cette posture, qui met de côté les exigences en matière de droits humains et de bonne gouvernance, attire des chefs d’État africains souhaitant renforcer leur coopération économique sans subir de pression sur leur politique intérieure.
Le discours de Trump trouve un écho particulier dans des régions comme le Sahel, où plusieurs dirigeants souhaitent diversifier leurs partenariats militaires et économiques, tout en dénonçant les politiques paternalistes des anciennes puissances coloniales. Cette tendance s’inscrit dans un contexte de remise en question des modèles traditionnels de coopération, marqué par une montée en puissance des acteurs chinois et russes sur le continent.
Cependant, le souverainisme de Trump n’est pas sans ambiguïtés. Ses menaces de représailles envers les pays qui s’opposent à ses intérêts ou tentent d’émanciper leurs économies du dollar rappellent une politique du « avec moi, ou contre moi ». Les récents avertissements adressés aux Brics, ainsi que ses précédentes mesures protectionnistes, laissent entrevoir un risque accru de tensions économiques et diplomatiques pour les États africains soutenant des partenaires tels que la Chine ou la Russie.
Le « Project 2025 » de la Heritage Foundation propose de recentrer les relations américano-africaines sur la croissance économique, plutôt que sur l’aide au développement. Bien que cette vision séduise certains, comme Paul Kagame, elle s’accompagne de risques. Durant son premier mandat, Trump a privilégié des accords bilatéraux pour sécuriser des ressources stratégiques, au détriment d’une approche multilatérale. Cette stratégie pourrait accentuer la dépendance de certains pays aux intérêts américains, tout en limitant leur capacité à diversifier leurs partenaires économiques.
Si certains leaders africains voient dans la politique de Trump une chance de redéfinir leurs relations internationales, cette dynamique pourrait également accentuer les fractures sur le continent. Entre les espoirs d’une coopération renforcée et les craintes liées à des représailles économiques ou diplomatiques, l’Afrique devra naviguer prudemment pour préserver ses intérêts dans un contexte international de plus en plus polarisé.