Le gouvernement tchadien a réagi avec fermeté après les déclarations du général soudanais Yasser Al-Atta, qui a menacé la sécurité du Tchad dans une interview diffusée sur la chaîne qatarie Al Jazeera. Selon le ministère tchadien des Affaires étrangères, ces propos constituent des menaces explicites visant l’intégrité territoriale du pays, ce qui a provoqué une vive réaction officielle de Ndjamena, dénonçant des « propos irresponsables » pouvant être perçus comme une déclaration de guerre si suivis d’effets.
Lors de son intervention, Yasser Al-Atta a déclaré : « Nous nous vengerons de Mahamat Kaka et les aéroports de Ndjamena et d’Amdjarass sont des cibles légitimes pour les forces armées soudanaises ». Ces propos ont intensifié les tensions entre les deux pays, déjà marquées par des accusations réciproques de soutien à des groupes armés. Le gouvernement tchadien, par la voix de son porte-parole Ibrahim Adam Mahamat, a réaffirmé son droit légitime de protéger son territoire et de riposter à toute tentative d’agression.
Les relations entre le Tchad et le Soudan ont toujours été marquées par des suspicions et des affrontements, notamment depuis le début de la guerre civile au Soudan. Khartoum accuse régulièrement Ndjamena de soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemedti, un groupe en guerre contre les forces soudanaises. Bien que le Tchad nie toute implication, ces accusations ont alimenté une méfiance croissante et des tensions militaires à la frontière.
La montée des tensions entre le Tchad et le Soudan pourrait avoir des répercussions graves pour la stabilité régionale. Le Tchad, tout en restant fidèle à sa position de neutralité dans le conflit interne soudanais, a choisi jusqu’à présent de ne pas répondre par la violence aux provocations. Toutefois, la situation pourrait rapidement dégénérer si les menaces de Yasser Al-Atta se concrétisent. Dans ce contexte, la diplomatie internationale pourrait jouer un rôle clé pour éviter un conflit ouvert.
Les observateurs de la situation soulignent la complexité de la situation à la frontière tchadienne-soudanaise, où des groupes armés mènent des activités transfrontalières. Le soutien implicite de certains régimes soudanais à des groupes de rébellion tchadiens, ainsi que les attaques sporadiques menées par Boko Haram, ont exacerbé un climat déjà tendu. Toutefois, le Tchad semble avoir opté pour une approche prudente, cherchant à éviter l’escalade tout en renforçant sa posture défensive.
Alors que le Tchad se réserve le droit de riposter, il demeure une question centrale : la diplomatie peut-elle encore apaiser les tensions, ou sommes-nous proches d’un point de non-retour entre les deux pays ? Le rôle des acteurs internationaux pourrait s’avérer décisif pour éviter une escalade militaire dans une région déjà fragile.