Le 27 mars, le tribunal de Dar El Beida, près d’Alger, a condamné l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal à cinq ans de prison ferme. Cette décision judiciaire survient après plusieurs mois de détention, entamée en novembre 2024, et représente une moitié de la peine requise par le parquet. L’écrivain est accusé d’avoir porté atteinte à l’intégrité du territoire algérien en reprenant, dans un média français d’extrême droite, une position marocaine sur le Sahara occidental. Ce verdict intervient dans un contexte diplomatique tendu, exacerbant une crise sans précédent entre la France et l’Algérie.
Les accusations à l’encontre de Boualem Sansal sont liées à ses déclarations publiques sur le Sahara occidental. L’écrivain a soutenu, lors d’une interview, la thèse marocaine selon laquelle le territoire aurait été amputé au profit de l’Algérie pendant la colonisation française. Cette prise de position a été jugée comme une remise en question de l’intégrité du territoire algérien, au point de déclencher une procédure judiciaire. Le tribunal a ainsi prononcé une peine de cinq ans de réclusion, accompagnée d’une amende de 500 000 dinars, soit environ 3 500 euros.
L’arrestation de Boualem Sansal, fin 2024, a mis le feu aux poudres dans les relations déjà tendues entre Alger et Paris. La France, en apportant son soutien au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental, a exacerbé les tensions avec l’Algérie, qui soutient le Front Polisario dans sa lutte pour l’indépendance de ce territoire. Ce soutien français a été perçu par l’Algérie comme un alignement sur la position marocaine, une décision qui a ravivé les divergences historiques et politiques entre les deux pays. Les relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc, de leur côté, sont rompues depuis l’été 2021.
L’issue du procès Sansal représente un tournant dans les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France. Si certains analystes espéraient un verdict plus clément, voire une grâce présidentielle, afin d’apaiser les tensions, cette condamnation pourrait marquer une étape supplémentaire dans la détérioration des liens bilatéraux. En dépit des appels à la clémence, notamment de l’avocat de l’écrivain, qui a souligné l’âge avancé de son client et ses problèmes de santé, le verdict semble symboliser la fermeté d’Alger sur ce dossier sensible.
Les perspectives de cette affaire sont incertaines. L’Algérie pourrait décider d’intensifier ses pressions diplomatiques sur Paris, tandis que la France, déjà sous pression à cause de ses liens avec le Maroc, pourrait chercher à minimiser l’impact de ce conflit sur ses relations avec Alger. Les autorités algériennes pourraient également décider d’ouvrir la voie à une amnistie ou à une révision de la peine, mais à ce jour, cela reste hypothétique.
Ce conflit diplomatique s’inscrit dans un contexte plus large de rivalité régionale entre l’Algérie et le Maroc, notamment autour de la question du Sahara occidental. Les deux pays ne cessent de s’opposer sur ce dossier, chacun cherchant à imposer sa vision du futur de ce territoire stratégique. Dans cette dynamique, l’affaire Boualem Sansal apparaît comme un symbole des tensions sous-jacentes entre les acteurs principaux de la région.