Le premier tour des élections législatives s’est déroulé ce dimanche 12 janvier aux Comores, mobilisant près de 340 000 électeurs. L’objectif : renouveler les 33 sièges de l’Assemblée nationale, actuellement dominée par la Convention pour le renouveau des Comores (CRC), le parti au pouvoir. Toutefois, le scrutin a été largement boycotté par l’opposition, entraînant une faible participation et des tensions.
Dans de nombreux bureaux de vote, l’affluence était quasi inexistante, illustrant le désintérêt ou la défiance des électeurs envers ce processus électoral. Si certains ont voté par « devoir civique », d’autres, suivant le mot d’ordre de l’opposition, estiment que les conditions du scrutin étaient biaisées. L’organisation a également été marquée par des retards importants, des bureaux ouvrant parfois avec plusieurs heures de retard, en particulier dans des zones rurales comme Kimba au sud de la Grande Comore.
Ce boycott s’inscrit dans un climat de méfiance politique croissante. Déjà, en 2019, l’opposition avait contesté les conditions des élections présidentielles, dénonçant un système qui, selon eux, avantage systématiquement le pouvoir en place. Le paysage politique comorien est depuis dominé par la CRC, marginalisant les partis d’opposition et réduisant leur capacité d’action.
Alors que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) assure que les irrégularités relevées n’affecteront pas les résultats, l’opposition, elle, accuse le gouvernement de manipulations massives, notamment via l’utilisation abusive de procurations et des cas présumés de bourrages d’urnes. Les résultats du premier tour, attendus pour le 17 janvier, pourraient attiser davantage les tensions avant le second tour, prévu le 16 février.
Plusieurs incidents ont été signalés tout au long de la journée, témoignant de la fragilité du processus électoral. À Mtsangani 1, une membre d’un bureau de vote aurait été blessée en tentant d’empêcher une fraude. Par ailleurs, à Moroni, un candidat a été brièvement arrêté pour avoir tenté de faire échouer une tentative présumée de triche. Ces événements accentuent les doutes sur la transparence du scrutin.
Malgré les assurances des autorités sur le déroulement globalement positif de la journée, ce scrutin met en lumière les défis structurels auxquels font face les Comores. Entre méfiance de la population et tensions entre acteurs politiques, l’avenir démocratique de l’archipel reste incertain. Le résultat des élections pourrait jouer un rôle déterminant dans la restauration ou l’aggravation de la confiance envers les institutions.