Une tempête de critiques a éclaté sur le continent africain suite aux propos du général Michael Langley, commandant du Commandement militaire des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), qui a accusé le président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, d’avoir détourné les réserves d’or du pays pour assurer sa propre sécurité plutôt que de les utiliser au bénéfice de la nation. Cette accusation a été formulée lors d’une audience au Sénat américain et a rapidement fait le tour des médias et des réseaux sociaux africains, déclenchant une vague d’indignation.
Lors de l’audience, le général Langley a allégué que Traoré avait détourné les ressources nationales essentielles à ses propres fins sécuritaires. Cette déclaration a provoqué une vive réaction, notamment sur les plateformes comme X (anciennement Twitter), où de nombreux Africains ont exprimé leur mécontentement. L’argument central des critiques était celui de l’ingérence étrangère dans les affaires souveraines des nations africaines, avec de nombreux internautes soulignant l’hypocrisie des États-Unis dans leur politique étrangère, notamment en ce qui concerne l’exploitation des ressources africaines par des entreprises multinationales.

Les accusations interviennent dans un contexte déjà tendu entre plusieurs régimes militaires africains et les puissances occidentales. Depuis 2022, le capitaine Ibrahim Traoré a pris le pouvoir à travers une transition militaire et s’est positionné comme un défenseur de la souveraineté nationale, mettant en place des politiques de résistance contre les influences extérieures, en particulier celles des anciennes puissances coloniales et des institutions occidentales. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles perçoivent comme des attitudes paternalistes et néocoloniales, où l’Occident semble vouloir dicter la gestion des ressources naturelles des pays africains.
La situation est d’autant plus sensible que plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, tels que le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ont vu des gouvernements militaires repousser la présence militaire étrangère, notamment celle de la France et des États-Unis. Ces tensions avec les puissances occidentales ne cessent de croître et les accusations de Langley risquent d’aggraver cette dynamique, en alimentant les sentiments anti-impérialistes de plus en plus présents sur le continent. Cette situation pourrait bien avoir des répercussions sur les relations diplomatiques entre les régimes militaires africains et les puissances occidentales, accentuant davantage la méfiance vis-à-vis de leurs intentions.
En Afrique du Sud, le parti politique de gauche Economic Freedom Fighters (EFF) a rejeté fermement les accusations américaines, qualifiant celles-ci d’ingérence impérialiste visant à déstabiliser un État souverain. Dans un communiqué publié sur X, l’EFF a réaffirmé son soutien au capitaine Traoré, soulignant l’importance pour les pays africains de conserver leur droit souverain sur la gestion de leurs ressources naturelles. Le parti a également insisté sur la nécessité de résister à ce qu’il considère comme des pressions néocoloniales de la part des puissances occidentales, appelant à une solidarité continentale contre de telles ingérences.
L’ampleur de la réaction suscitée par les propos de Langley révèle l’intensité des ressentiments envers ce qui est perçu comme un double standard de la politique étrangère américaine. En effet, les critiques de Langley sur l’exploitation des ressources en Afrique par des puissances étrangères, dont la Chine et la Russie, ont aussi été perçues comme une manière de détourner l’attention des actions des États-Unis et de leurs alliés, notamment en matière de pillage des ressources africaines. Ces tensions soulignent les fractures géopolitiques croissantes et les nouvelles dynamiques de pouvoir entre l’Afrique et l’Occident.