Le sommet des BRICS, qui s’est tenu au Brésil, s’est achevé sur une déclaration commune appelant à une refonte complète de la gouvernance mondiale. Les chefs d’État réunis à Brasilia ont exigé un nouvel ordre international, plus représentatif des équilibres géopolitiques actuels, rompant avec la domination des puissances occidentales et les logiques héritées de la Guerre froide.
Placée sous le thème de la coopération Sud-Sud, cette 17ᵉ rencontre du groupe – désormais élargi à l’Indonésie – a donné lieu à des critiques ouvertes contre l’ordre mondial existant. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a dénoncé une planète toujours « sous tutelle », fustigeant les interventions étrangères et l’érosion des souverainetés nationales. La guerre à Gaza a été citée comme exemple d’un système incapable de garantir la paix et la justice. Dans leur déclaration finale, les BRICS ont réclamé une réforme urgente du Conseil de sécurité de l’ONU, jugeant inacceptable l’absence de l’Inde, du Brésil et des pays africains dans les cercles décisionnels internationaux.
Ce sommet s’inscrit dans un climat mondial tendu, marqué par la résurgence des rivalités géopolitiques. L’appel à un rééquilibrage des rapports de force survient alors que les BRICS élargis représentent désormais plus de la moitié de la population mondiale et environ 40 % du PIB planétaire. Le rejet d’un ordre post-1945 jugé obsolète n’est pas nouveau, mais prend une résonance particulière face aux crises en Iran, au Soudan ou à Gaza, qui illustrent l’impuissance ou la partialité des mécanismes internationaux existants.
Au-delà des réformes institutionnelles, les BRICS ont évoqué une rupture plus profonde : le développement d’alternatives au système SWIFT, dans une logique de dédollarisation. Ce chantier, encore flou dans ses modalités, vise à réduire la dépendance au dollar américain et renforcer la souveraineté financière du Sud global. Un signal jugé provocateur par Washington : le président Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane punitifs aux États soutenant cette orientation. Une réaction immédiatement rejetée par Lula, qui a déclaré : « Nous ne voulons pas d’empereur. »
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a qualifié ce sommet de « tournant stratégique » pour les BRICS, soulignant le renforcement du multilatéralisme et l’attrait croissant que suscite le groupe auprès des pays du Sud. L’adhésion de l’Indonésie et les candidatures en discussion illustrent cette dynamique. En affirmant leur volonté de transformer les règles du jeu mondial, les BRICS tentent de construire un pôle alternatif crédible face aux anciennes puissances.
Le prochain sommet des BRICS se tiendra en Inde en 2026. D’ici là, le groupe devra transformer ses ambitions politiques en initiatives concrètes : mécanismes financiers autonomes, coordination diplomatique accrue, solidarité Sud-Sud réelle et non déclarative. Reste à savoir si l’élan actuel se traduira par une influence structurelle ou restera cantonné au champ symbolique.