Des cas avérés ou présumés de variole du singe ont été recensés dans plusieurs pays occidentaux. Ces infections suscitent des interrogations scientifiques, car cette maladie virale s’observe habituellement surtout dans le centre et l’ouest de l’Afrique, où elle est transmise par les animaux.
Portugal, Espagne, Canada, Italie… Et maintenant la France. La Direction générale de la santé (DGS) a déclaré ce jeudi soir dans un communiqué qu’un premier cas suspect d’infection à la variole du singe avait été signalé en Ile-de-France, qualifiant le nombre de cas signalés en Europe de « phénomène inhabituel ». Au total, plusieurs dizaines de cas suspects ou confirmés ont été détectés depuis début mai en Europe et en Amérique du Nord, laissant craindre un début de propagation de cette maladie.
Le Royaume-Uni, qui a le premier signalé des cas, détectés à partir du 6 mai, a porté mercredi soir à neuf le nombre total de personnes infectées. Mercredi, l’Espagne, le Portugal, le Canada et les États-Unis ont, tour à tour, signalé avoir repéré la présence de la variole du singe, ou ce qui semble l’être, sur leur territoire.
Les deux pays de la péninsule ibérique ont rapporté avoir recensé une quarantaine de cas suspects ou confirmés de cette maladie, ce qui a conduit les autorités espagnoles et portugaises à déclencher une alerte sanitaire nationale. Au Canada, plus d’une dizaine de cas suspects étaient mercredi en cours d’examen à Montréal, selon la chaîne publique Radio-Canada, qui cite les autorités sanitaires de la ville. Et aux États-Unis, un homme qui s’était récemment rendu au Canada a été dépisté positif à cette maladie dans l’État du Massachusetts. Les autorités se veulent globalement rassurantes, soulignant ainsi en Espagne et au Portugal que la maladie est peu contagieuse entre humains.
L’Italie a signalé jeudi son premier cas, une personne revenant des Canaries qui a été placée à l’isolement à l’hôpital Spallanzani à Rome. L’hôpital a fait état de deux autres cas suspects.
Un premier cas chez l’homme identifié en 1970
Le virus a été découvert pour la première fois chez des singes en 1958, d’où son nom. La maladie a ensuite été identifiée pour la première fois chez l’homme en 1970 en RDC (ex-Zaïre) chez un garçon âgé de neuf ans vivant dans une région d’où la variole avait été éliminée depuis 1968. Depuis 1970, des cas humains de variole du singe ont été signalés dans 10 pays africains. Au printemps 2003, des cas ont aussi été confirmés aux États-Unis, marquant ainsi la première apparition de cette maladie en dehors du continent africain.
La maladie se manifeste par de la fièvre, des maux de tête puis une éruption cutanée. Il n’existe pas de traitement spécifique. Les malades, placés à l’isolement, se rétablissent en grande majorité spontanément au bout de deux à trois semaines. Selon les épidémies, le taux de létalité a énormément varié, mais il est toujours resté inférieur à 10%. Les cas graves se produisent plus généralement chez les enfants.
L’infection des cas initiaux résulte d’un contact direct avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses d’animaux infectés. La transmission interhumaine peut résulter de contacts étroits avec des sécrétions infectées des voies respiratoires, des lésions cutanées d’un sujet infecté ou d’objets récemment contaminés par des liquides biologiques ou des matières provenant des lésions d’un patient.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué lundi s’intéresser de près au fait que certains des cas au Royaume-Uni semblent avoir été transmis au sein de la communauté homosexuelle. Mais « n’importe qui, quelle que soit son orientation sexuelle, peut propager la variole du singe », ont souligné aux États-Unis les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence sanitaire fédérale du pays.
La variole humaine est officiellement éradiquée depuis 1980 grâce à des campagnes de vaccination massives, mais le vaccin, qui protège également contre la variole du singe, a depuis été progressivement abandonné.
(Avec agences)