Si les migrants habitaient un pays, ce serait le quatrième plus peuplé et la troisième économie mondiale, selon une étude du BCG Henderson Institute. Le poids de la main-d’oeuvre migrante est appelé à grandir au regard des pénuries actuelles dans les pays développés.
Ensemble, les migrants formeraient aujourd’hui la troisième économie mondiale en générant environ 9.000 milliards de dollars de production économique chaque année. C’est l’un des faits notables mis en lumière par le BCG Henderson Institute, le centre de réflexion du Boston Consulting Group, dans un rapport publié en collaboration avec les Nations Unies.
Ce chiffre, en outre, est sous-estimé. Tous les impacts économiques des migrants en tant que consommateurs, entrepreneurs et innovateurs ne sont pas pris en compte. En plus, à l’avenir, il va probablement encore augmenter pour doubler et atteindre environ 20.000 milliards de dollars d’ici 2050.
Hausse à prévoir des migrants
Les migrations sont sans doute appelées à progresser alors que l’on recensait, en 2020, environ 280 millions de personnes considérées comme migrantes. Si toutes ces personnes (3,6 % de la population mondiale) formaient un pays, il se situerait au 4e rang mondial en nombre d’habitants, précise le BCG. François Candelon, directeur monde du centre de réflexion observe que « les dix pays les plus touchés par le déclin démographique perdront environ 345 millions d’adultes en âge de travailler d’ici 2050 ».
Les pénuries structurelles de main-d’oeuvre coûtent à ces 30 pays plus de 1.000 milliards de dollars par an.
L’économie mondiale souffre d’une grave pénurie de main-d’oeuvre qui a atteint un niveau record au milieu de l’année 2022. Que ce soit aux Etats-Unis, en Chine, en Allemagne, au Royaume-Uni ou encore au Canada pour les Etats les plus touchés. Pour les 30 plus grandes économies de la planète, « nous avons trouvé 30 millions d’emplois à pourvoir […] en particulier dans l’industrie manufacturière, les technologies de l’information et de la communication et les soins de santé », précise François Candelon. Quelles que soient les compétences, « les pénuries structurelles de main-d’oeuvre coûtent à ces pays plus de 1.000 milliards de dollars par an », évalue le centre.
Parallèlement, les dix pays qui connaissent les plus fortes augmentations de population verront leur population en âge de travailler augmenter de plus de 770 millions de personnes. Outre l’automatisation, la délocalisation et l’augmentation de la participation au marché du travail, les migrations seront essentielles pour remédier à la pénurie de main-d’oeuvre dans les sociétés vieillissantes.
Diversité rime avec innovation
Pour le BCG Henderson Institute, ce sera une chance pour les entreprises lancées dans une compétition acharnée pour attirer les talents. « Une entreprise où la diversité culturelle est prononcée a bien plus de chance d’être innovante par rapport à ses concurrentes qui le sont moins », assure François Candelon.
Et en la matière, « les entreprises américaines et indiennes sont mieux placées que leurs concurrentes européennes », ajoute-t-il. Les travailleurs migrants permettent à une gamme de nouveaux produits et services d’être développés, vendus et achetés, stimulant l’esprit d’entreprise et aidant les entreprises existantes, grandes et petites, à accroître leurs revenus, indique schématiquement le rapport.
Pas une priorité des patrons
Les migrants représenteraient donc un plus pour l’économie mondiale et les entreprises. Selon l’étude, 72 % des chefs d’entreprise jugent que les migrants sont un atout pour le développement de leur propre pays. Un score bien plus élevé que dans l’opinion publique en général où seulement 41 % de la population abonde dans ce sens.
Il reste que si 95 % des patrons d’entreprises déclarent avoir l’intention de créer des équipes plus diversifiées à l’échelle mondiale, seuls 5 % d’entre eux le font d’une manière qui a un véritable impact. Dans les faits, leurs préoccupations sont ailleurs . La pauvreté mondiale, le climat et la durabilité, la stabilité géopolitique, l’éducation et l’automatisation sont leurs principales priorités. En outre, il faudrait, pour faciliter l’intégration des migrants, que les législations des pays d’accueil soient un peu plus harmonisées.
Richard Hiault
Source: LesEchos.fr