Les Pays-Bas ont franchi le pas. Le Premier ministre batave Mark Rutte a officiellement présenté les excuses de l’État néerlandais pour le passé esclavagiste du royaume lundi à La Haye.
Les Pays-Bas ont aboli l’esclavage en 1863 dans leurs colonies de l’époque, mais depuis 160 ans, jamais l’État néerlandais n’a admis les souffrances infligées aux personnes réduites en esclavage. Voilà en substance le propos de Mark Rutte. Le Premier ministre néerlandais a présenté les excuses officielles des Pays-Bas pour des siècles de traite jusqu’en 1814 avec au moins 600 000 esclaves africains transportés par des bateaux bataves vers le Suriname, mais aussi vers les Antilles néerlandaises : Aruba, Saba, Saint-Martin, Saint-Eustache, Bonaire et Curaçao.
« Pendant des siècles, l’État néerlandais et ses représentants ont permis, encouragé, perpétué et profité de l’esclavage. Pendant des siècles, les gens ont été déshumanisés, exploités et maltraités au nom de l’État néerlandais. Pendant des siècles, sous l’autorité de l’État néerlandais, la dignité humaine a été bafouée de la manière la plus effroyable qui soit, a déclaré le Premier ministre hollandais », a déclaré le Premier ministre batave.
Il a aussi ajouté que « trop peu de gouvernements néerlandais successifs après 1863 ont vu et reconnu l’impact négatif du passé esclavagiste. Je m’en excuse au nom du gouvernement néerlandais ».
Des ministres dépêchés dans les territoires
Des ministres néerlandais avaient d’ailleurs été dépêchés dans ces sept territoires ce lundi pour faire écho aux déclarations du Premier ministre et Mark Rutte a présenté ces excuses dans les langues parlées aux Antilles et au Suriname, le papiamento et le sranan tongo.
Il s’agit d’excuses aussi pour tout ce que l’esclavage a engendré de stéréotypes racistes, de discrimination, d’exclusion et d’inégalité sociale. Selon Mark Rutte, pendant des siècles, des gens ont été déshumanisés, exploités et maltraités au nom de l’État néerlandais.
Le 1er juillet 2023, les Pays-Bas entameront une année de commémoration. En Belgique, la Commission parlementaire sur le passé colonial clôt ses travaux sur un constat d’échec faute de consensus sur d’éventuelles excuses à présenter au Burundi, au Rwanda et à la RDC.