Le Cameroun se trouve actuellement sous les feux de l’examen de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie), une évaluation périodique des pratiques de gouvernance en matière de pétrole, gaz et minerais. Cette évaluation, appelée “la validation Itie,” vise à évaluer les progrès réalisés par le pays depuis la dernière évaluation en 2021. Cependant, cette année a été marquée par l’éclatement de l’affaire Glencore, mettant en lumière un vaste système de corruption international dans lequel deux entreprises camerounaises semblent impliquées.
L’affaire Glencore, qui a éclaté en 2022, a eu un retentissement mondial. Le géant anglo-suisse du négoce de matières premières a été condamné aux États-Unis et au Royaume-Uni pour avoir corrompu des fonctionnaires pendant plus de dix ans afin d’obtenir des contrats ou d’éviter des audits dans plusieurs pays, dont le Cameroun. L’Itie, au niveau international, a appelé les gouvernements concernés à prendre des mesures adéquates, mais à ce jour, aucune personne n’a été mise en cause au Cameroun. Les entreprises étatiques, la Société nationale des hydrocarbures du Cameroun (SNH) et la Société nationale de raffinage (Sonara), attendent toujours des preuves de ces allégations.
La récente session du comité national de l’Itie Cameroun, qui s’est tenue en août, a examiné en détail le volet camerounais de l’affaire Glencore. Cependant, la résolution spécifiquement rédigée sur l’affaire n’a pas encore été publiée. La société civile, représentée lors de ces discussions, demande au gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires pour établir les responsabilités dans cette affaire qui a terni l’image du pays et entraîné des pertes importantes de revenus pour l’État.
En avril, lors de sa mission de pré-validation au Cameroun, le Secrétariat international de l’Itie a exprimé des préoccupations auprès de la SNH et a souhaité que la compagnie pétrolière nationale publie les preuves de ses démarches judiciaires. Dans ce système international de corruption à l’ampleur stupéfiante, la SNH se considère comme une victime. Elle a saisi les juridictions britannique et américaine pour obtenir des preuves et des noms des agents incriminés, mais Glencore lui a opposé une clause d’anonymat. La SNH poursuit ses investigations en interne et sollicite le soutien de l’Itie International pour obtenir la levée de cette clause d’anonymat.
La présidence camerounaise a été saisie pour ouvrir une enquête, mais les détails restent limités. Les organisations de la société civile membres du comité Itie Cameroun appellent également les autorités à entreprendre des démarches auprès de Glencore pour récupérer des compensations, à l’instar de la République démocratique du Congo qui a obtenu un accord avec Glencore en décembre 2022. Helen Clark, la présidente du Conseil d’administration de l’Itie, a également appelé les gouvernements des pays membres, dont le Cameroun, à agir rapidement pour faire face aux accusations de corruption et maintenir la transparence et la redevabilité dans le secteur des industries extractives.