Le Liban tourne une nouvelle page de son histoire politique avec l’élection de Joseph Aoun, commandant en chef de l’armée, comme président de la République. Le jeudi 9 janvier, les députés libanais ont mis fin à plus de deux ans de vide institutionnel en choisissant Aoun lors d’un second tour décisif, où il a obtenu 99 votes sur 128.
Joseph Aoun, figure respectée à la tête de l’armée depuis 2017, a immédiatement affirmé son intention de restaurer l’autorité de l’État, notamment en promettant le monopole des armes à l’État libanais. Lors de son premier discours après avoir prêté serment, il s’est engagé à former rapidement un gouvernement et à maintenir la « trêve » avec Israël, des déclarations qui reflètent les attentes d’une population lassée par les crises politiques et économiques.
L’élection du nouveau président intervient dans un contexte de profondes divisions entre les blocs politiques. Ce résultat a été possible grâce au changement de position stratégique des 27 députés chiites du Hezbollah et du mouvement Amal, qui ont initialement voté blanc avant d’accorder leur soutien à Joseph Aoun. Ce rapprochement a été facilité par une rencontre au Parlement entre des représentants chiites et le candidat, qui a dissipé les dernières réticences.
L’élection de Joseph Aoun n’aurait pas été possible sans le soutien des grandes puissances, notamment les États-Unis, les pays occidentaux et l’Arabie saoudite. Ces acteurs ont vu en Aoun un candidat capable de stabiliser le pays tout en apaisant les tensions régionales. Le Hezbollah et le mouvement Amal, bien qu’initialement réticents, ont dû composer avec cette réalité pour éviter un isolement politique, tant sur le plan national qu’international.
Bien que dépourvu d’expérience politique, Joseph Aoun tire sa légitimité de son rôle à la tête de l’armée libanaise, l’une des rares institutions encore respectées dans un pays miné par les divisions confessionnelles et la crise financière. Depuis sa nomination en 2017, il a su préserver la neutralité de l’armée face aux dissensions politiques, un exploit qui lui confère une crédibilité rare auprès de la population et des élites politiques.
À la tête d’un pays plongé dans l’une des pires crises de son histoire, Joseph Aoun devra affronter des défis colossaux. Parmi ses priorités figurent la reconstruction des zones dévastées par les conflits, le retrait israélien du sud du Liban et la relance économique. Son succès dépendra de sa capacité à dépasser les clivages politiques et à répondre aux attentes d’une population en quête de stabilité et de réformes concrètes.