Le chef d’état-major libyen, le général Mohamed Al-Haddad, a appelé à un renforcement de la coopération militaire et sécuritaire entre les pays riverains de la Méditerranée occidentale. Intervenant à Tunis lors de la 17ᵉ réunion des chefs d’état-major de l’Initiative de défense 5+5, il a exhorté les États participants à coordonner davantage leurs efforts pour contrer les menaces transnationales qui déstabilisent la région, notamment le terrorisme, la contrebande, le trafic de drogue et la migration irrégulière.
Le général libyen a insisté sur la nécessité d’une approche collective intégrant la formation militaire conjointe, le partage d’expertise et la mise en place de mécanismes de surveillance maritime et aérienne communs. Selon lui, seule une coordination opérationnelle solide permettra aux pays membres de réagir efficacement aux nouvelles formes de criminalité organisée et aux menaces hybrides qui émergent autour du bassin méditerranéen.
Créée pour favoriser le dialogue et la coopération sécuritaire entre les deux rives, l’Initiative 5+5 réunit dix pays : la Libye, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie pour le Maghreb ; la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et Malte pour l’Europe du Sud. Ce cadre demeure l’un des rares espaces militaires multilatéraux actifs liant le Nord et le Sud de la Méditerranée, à un moment où les tensions régionales et les flux migratoires exigent une concertation continue.
Les débats de la rencontre de Tunis ont porté sur des enjeux de plus en plus complexes : la prolifération des armes, la lutte contre les réseaux de trafiquants, la cybersécurité ou encore la gestion des migrations irrégulières. Les participants ont convenu d’adapter leurs dispositifs face à la rapidité d’évolution des menaces, notamment en renforçant les capacités de renseignement et la réponse coordonnée en mer comme dans les airs.
Pour Tripoli, cette participation active symbolise une volonté de normalisation et de retour au premier plan sur la scène régionale. Malgré un contexte politique encore fragile, la Libye tente de se positionner comme un acteur clé de la stabilité méditerranéenne. En s’impliquant dans l’Initiative 5+5, elle cherche à démontrer sa capacité à contribuer à la sécurité collective, tout en consolidant sa coopération militaire avec ses voisins du Maghreb et du Sud de l’Europe.
Cependant, cette ambition reste confrontée aux divisions internes persistantes et à la présence de groupes armés sur son territoire. Si la voix du général Al-Haddad reflète une aspiration à la réintégration régionale, la concrétisation de cette vision dépendra de la stabilité politique interne de la Libye et de la confiance que ses partenaires européens et maghrébins voudront bien lui accorder.