Le gouvernement parallèle basé à l’Est de la Libye a appelé, ce 26 juin, au retrait immédiat de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL). Son chef, Osama Hammad, accuse l’organisation onusienne d’ingérence dans les affaires internes et de parti pris en faveur des autorités installées à Tripoli. Une offensive verbale qui marque un nouveau pic dans les tensions institutionnelles entre les deux camps rivaux du pays.
Dans un communiqué au ton virulent, Hammad reproche à la MANUL d’« ignorer les violences commises contre les civils à Tripoli » et de « soutenir des politiques irresponsables ». Il s’insurge notamment contre la manière dont le Conseil de sécurité de l’ONU a examiné les dépenses du Fonds de reconstruction de la Cyrénaïque, dirigé par Saddam Haftar, fils du maréchal Khalifa Haftar. Pour le gouvernement de l’Est, ce processus constitue une violation flagrante de la souveraineté nationale.
Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est divisée entre deux pôles de pouvoir : l’un à Tripoli, reconnu par les Nations unies, et l’autre à l’Est, soutenu par le maréchal Haftar et la Chambre des représentants. La MANUL, censée jouer un rôle de médiation, est régulièrement prise pour cible par les factions de l’Est, qui l’accusent d’ignorer les équilibres politiques internes et de légitimer un gouvernement qu’ils estiment illégitime.
Cette nouvelle sortie d’Osama Hammad intervient dans un contexte où les négociations pour une réunification des institutions sont au point mort. En dénonçant l’action de la MANUL et en refusant toute tutelle extérieure, l’Est libyen semble préparer une stratégie d’isolement diplomatique, voire de rupture avec les mécanismes multilatéraux. Ce repli pourrait compliquer davantage les efforts de réconciliation et de tenue d’élections nationales, déjà minés par les rivalités locales.
Le cœur de la discorde reste le Fonds de reconstruction de la Cyrénaïque, géré par Saddam Haftar. Ce dernier, accusé par certains de népotisme et de clientélisme, cristallise les critiques. Le fait que le Conseil de sécurité se penche sur la légitimité de son contrôle budgétaire est perçu comme une remise en cause directe de l’autorité du clan Haftar dans l’Est. Une ligne rouge que le gouvernement parallèle n’est pas prêt à tolérer.
La crédibilité de la MANUL, déjà mise à mal par les lenteurs du processus politique, pourrait pâtir de cette nouvelle crise. Son rôle de médiateur est désormais contesté de manière frontale par une des deux principales entités du pays. À moins d’un réajustement de sa posture ou d’un réengagement plus équilibré, la mission risque de perdre ce qu’il lui reste d’influence sur le terrain libyen.