Dix-huit migrants ont péri et de nombreux autres sont portés disparus après le naufrage de leur embarcation au large de la ville de Zaouïa, en Libye. Cette nouvelle tragédie survenue mardi en Méditerranée centrale rappelle avec une cruelle acuité la persistance d’une crise humanitaire dont la Libye reste l’épicentre.
Selon le Service libyen des ambulances et des urgences, 92 personnes ont été secourues. Les victimes identifiées comprenaient quatre Égyptiens et deux Somaliens. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui apporte son soutien sur place, a précisé que les survivants étaient majoritairement des hommes originaires du Soudan, du Bangladesh, du Pakistan et de Somalie, et comprenaient également une femme et un enfant. Le bateau, parti de Zaouïa, a chaviré seulement quelques heures après son départ, victime d’une mer agitée.
Ce drame s’inscrit dans un contexte libyen d’instabilité chronique depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Le pays, fragmenté par des divisions politiques et l’insécurité, est devenu la principale plaque tournante pour les réseaux de passeurs qui prospèrent dans l’impunité. Des milliers de migrants originaires d’Afrique subsaharienne et d’Asie, fuyant la pauvreté, les conflits ou cherchant une vie meilleure, transitent par la Libye pour tenter la périlleuse traversée vers l’Europe, visant le plus souvent les côtes italiennes ou grecques.
Les perspectives à court et moyen terme n’annoncent aucune amélioration. En l’absence d’une autorité étatique unifiée et légitime en Libye capable de contrôler ses côtes et de traiter la question migratoire dans le respect des droits humains, les départs se poursuivront. Les opérations de sauvetage en mer restent largement tributaires des garde-côtes libyens, dont les moyens sont limités, et des ONG, dont l’action est souvent entravée par des contraintes politiques. La fréquence de ces naufrages suggère que la Méditerranée centrale continuera d’être l’une des routes migratoires les plus mortelles au monde.
L’OIM a indiqué travailler avec des partenaires locaux pour fournir aux rescapés une assistance médicale, un soutien psychologique et un accès aux services essentiels. Cependant, cette aide, bien que cruciale, ne traite pas les causes profondes du phénomène. Les migrants secourus et renvoyés en Libye se retrouvent souvent pris dans un cycle infernal, exposés à des risques d’emprisonnement arbitraire, d’exploitation et de violences dans des centres de détention surpeuplés et notoirement dangereux.
La diversité des nationalités parmi les victimes et les survivants de ce naufrage – Bangladais, Pakistanais, Soudanais, Somaliens, Égyptiens – illustre la dimension désormais globale de ce flux migratoire transitant par la Libye. Il ne s’agit plus seulement d’un phénomène centré sur l’Afrique, mais d’un axe attractif pour tous les désespérés, quelle que soit leur origine. Cette réalité complexifie davantage la recherche de solutions politiques et humanitaires adaptées, alors que la communauté internationale semble largement impuissante ou désengagée face à cette tragédie qui se joue à ses portes.



