Le 30 novembre dernier, l’entreprise américaine spécialisée dans l’intelligence artificielle OpenAI a lancé ChatGPT, un robot conversationnel époustouflant, vu par beaucoup comme l’avenir des nouvelles technologies, voire comme la grande faucheuse qui mettra fin à l’hégémonie de Google. Cette IA est capable de répondre avec précision à des questions et de rédiger des textes. Mais est-elle capable de remplacer un enseignant ou un journaliste?
Lorsque nous avons demandé (en français) au robot ce qu’était “ChatGPT” et quelles étaient ses fonctions, voici ce qu’il nous a répondu: “Je suis assistant, un modèle de langage entraîné par OpenAI. Mon rôle est d’aider les gens en répondant à leurs questions et en leur fournissant des informations utiles. Je suis capable de comprendre du texte et de la parole en langue naturelle et de fournir des réponses claires et précises. Je peux traiter une grande variété de sujets et je suis constamment entraîné pour améliorer mes performances et mon utilité.”
Remplacer les professionnels?
Le robot conversationnel est notamment capable d’expliquer des concepts compliqués à des enfants, d’écrire des histoires, des articles de presse ou des paroles de chanson, mais aussi de rédiger un discours politique. Il est, par ailleurs, capable de s’adapter à tout style de langage. Pour en arriver à ce résultat, ChatGPT a dû passer des centaines de milliards de textes en revue: articles, encyclopédies, livres, … Mais est-il capable de remplacer un enseignant, un auteur ou un journaliste?
Encore une fois, nous avons posé la question au principal intéressé, qui nous répond qu’il n’est pas capable de remplacer un véritable professionnel. En effet, l’enseignement va bien au-delà de la simple transmission d’informations. Le côté humain est tout aussi important et explique pourquoi un robot ne peut pas (encore?) remplacer un professeur de chair et d’os. Même constat avec un auteur, qui intègre sa patte, son imagination, son vécu à ses textes, ou avec un journaliste, dont le sens critique est plus aiguisé qu’une IA, et qui, contrairement à elle, peut faire appel à des sources humaines et produire des reportages de terrain.
Quant aux experts, ils abondent dans le même sens, l’IA ne remplace pas encore les professionnels, car elle commet encore beaucoup trop d’erreurs dont elle n’a même pas conscience, et n’est pas capable de les comprendre. Par ailleurs, sur le site de l’IA, ChatGPT met en garde: “Je peux occasionnellement générer des informations incorrectes, des instructions nuisibles et du contenu biaisé, et j’ai des connaissances limitées sur le monde et les événements après 2021.” Ce que l’on peut aisément constater dans la réponse à notre demande d’article sur Joe Biden, qui comporte plusieurs fautes, notamment concernant la date de son investiture.
La fin de Google?
Malgré quelques erreurs, ChatGPT reste bluffant. Certains voient en ce robot conversationnel une véritable évolution en la matière, à mille lieues de ce que nous proposent encore actuellement les chatbots classiques. “ChatGPT est l’un de ces rares moments dans les technologies où vous entrevoyez comment tout sera différent désormais”, écrit notamment Aaron Levie, le confondateur et président de Box, un logiciel permettant de stocker des documents en ligne sur le cloud.
Le créateur de Gmail, Paul Buchheit, va plus loin. Selon lui, “Google n’est peut-être qu’à un an ou deux d’un bouleversement total”. L’intelligence artificielle pourrait remplacer, à terme, le moteur de recherches, dont l’entreprise tire pourtant la majorité de ses revenus. “Même s’ils rattrapent leur retard en matière d’IA, ils ne peuvent pas la déployer pleinement sans détruire la partie la plus précieuse de leur activité”, poursuit-il.
Google a toutefois encore de beaux jours, car, comme le note le chercheur en sécurité informatique de l’Université de Berkeley, Nicholas Weaver, les réponses de ChatGPT ne sont pas sourcées et il est difficile pour les personnes qui lui posent de question de vérifier la véracité des informations sans des recherches annexes.
ChatGPT is one of those rare moments in technology where you see a glimmer of how everything is going to be different going forward.
— Aaron Levie (@levie) December 3, 2022
Google may be only a year or two away from total disruption. AI will eliminate the Search Engine Result Page, which is where they make most of their money.
Even if they catch up on AI, they can't fully deploy it without destroying the most valuable part of their business! https://t.co/jtq25LXdkj
— Paul Buchheit (@paultoo) December 1, 2022