Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont pris une décision majeure ce lundi à Bruxelles en suspendant le dialogue politique avec le Rwanda concernant les questions de sécurité et de défense. Cette mesure intervient dans un contexte de tensions croissantes autour du rôle militaire du Rwanda, accusé de soutenir les milices rebelles du M23, responsables de la déstabilisation de la région des Kivu en République Démocratique du Congo (RDC).
Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, a annoncé que cette suspension était une réponse directe à l’implication des forces armées rwandaises dans les combats dans l’est de la RDC. Bien que cette suspension soit un signal politique fort, elle reste la première étape d’une série de mesures qui pourraient affecter encore plus lourdement les relations entre l’UE et Kigali. La Belgique et la France, particulièrement actives sur ce dossier, ont par ailleurs proposé des sanctions ciblées, incluant le gel d’avoirs d’une entité et l’interdiction de séjour pour neuf responsables rwandais.
Les relations entre l’UE et le Rwanda se sont intensifiées ces dernières années, notamment après les accusations répétées d’ingérence militaire rwandaise en RDC. Le soutien du Rwanda aux rebelles du M23 a exacerbé la situation, déjà tendue, dans les Kivu. L’Union européenne, après avoir condamné ces atteintes à la souveraineté de la RDC, a convoqué l’ambassadeur rwandais à Bruxelles pour lui exprimer sa désapprobation. Ce geste marque un tournant dans la politique européenne vis-à-vis du régime de Kigali.
La suspension du dialogue politique et l’imposition de sanctions ciblées visent à faire pression sur le Rwanda pour qu’il retire ses troupes de la RDC et cesse de soutenir le M23. Cependant, les discussions au sein de l’UE sont encore en cours, et la mise en œuvre de sanctions plus lourdes pourrait être retardée, en fonction des négociations internationales, notamment lors de la réunion conjointe de la Communauté de développement d’Afrique australe et de la Communauté d’Afrique de l’Est à la fin du mois de février.
Les sanctions européennes, bien que plus modérées que celles des États-Unis, représentent un revers diplomatique considérable pour Kigali, qui se retrouve désormais isolé sur la scène internationale. L’UE, tout en cherchant à éviter des sanctions trop sévères, entend maintenir la pression sur le gouvernement rwandais pour qu’il se conforme aux exigences internationales et mette fin à son soutien aux groupes armés dans l’est de la RDC.
Parallèlement aux sanctions diplomatiques, les Européens envisagent de revoir leur partenariat avec le Rwanda dans le domaine des ressources naturelles, particulièrement les minerais rares. Cette menace pourrait avoir un impact significatif sur l’économie rwandaise, qui dépend largement de ces exportations. En outre, l’UE cherche à éviter que ces mesures ne nuisent à la stabilité régionale, tout en réaffirmant son engagement à soutenir la RDC dans sa lutte contre les milices armées.