A Madagascar, l’utilisation traditionnelle de techniques agricoles destructrices, telles que le défrichement et les feux, menace gravement sa biodiversité unique. Représentant près de 5 % de la biodiversité mondiale, avec un taux d’endémisme floristique et faunistique entre 80 et 90 %, la biodiversité malgache est d’une importance capitale.
Ces pratiques agricoles nocives ont été au centre d’un atelier organisé à Antananarivo par la FAO, le 18 décembre, visant à intégrer la biodiversité dans les politiques agricoles malgaches. Le représentant de la FAO à Madagascar, Mbuli Charles Boliko, souligne que « la biodiversité est la source de la nutrition », mettant en exergue l’importance de pratiques durables pour l’agriculture, l’élevage, la pêche et l’aquaculture.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la cible 14 du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, adoptée lors de la COP 15 en décembre 2022, recommandant l’intégration de la biodiversité dans diverses politiques et secteurs. Cependant, la biodiversité de Madagascar est menacée par des activités telles que les exploitations minières illégales, les feux de brousse et les catastrophes naturelles, détruisant annuellement une moyenne de 100 000 ha d’espaces vitaux.
La feuille de route élaborée dans ce projet se concentre sur seize activités prioritaires, regroupées autour de trois axes : la responsabilisation des parties prenantes, l’alignement des documents de politique et stratégie, et l’augmentation des pratiques respectueuses de la biodiversité. Cette feuille de route prévoit des actions à court et moyen terme, s’étendant sur trois à six ans, et met l’accent sur l’agroécologie et l’agriculture intelligente face au climat.
Pour une mise en œuvre efficace, une collaboration intersectorielle est essentielle, impliquant les départements ministériels de l’environnement, de l’agriculture, de l’élevage, ainsi que ceux chargés de la pêche et de l’économie bleue. Cependant, des réserves ont été exprimées quant à la facilité de cette collaboration. Par ailleurs, l’importance du rôle des femmes dans la mise en œuvre de cette feuille de route est soulignée, notamment dans l’adoption de techniques agricoles résilientes.
La FAO considère cette initiative comme cruciale, étant donné la corrélation entre l’insécurité alimentaire et la perte de biodiversité. Madagascar, se classant 124e sur 125 selon l’Indice mondial de la faim de 2023, fait face à un risque élevé de disparition d’espèces. Des mesures comme la création du comité interministériel feux et l’opérationnalisation du centre de surveillance des feux ont déjà été prises pour contrer ces menaces.