Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réaffirmé, lundi 21 juillet, sa volonté de renforcer les liens entre l’Ukraine et le continent africain, en particulier sur les plans économique et sécuritaire. Cette déclaration intervient alors que Kiev fait face à une rupture diplomatique avec plusieurs pays sahéliens, notamment le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui accusent l’Ukraine de soutenir la rébellion dans le nord malien.
Lors de son intervention relayée par la présidence ukrainienne, Zelensky a insisté sur l’importance stratégique de l’Afrique pour son pays. Il a proposé un partenariat basé sur la création de centres céréaliers en Afrique, présentés comme un levier économique d’intérêt mutuel. Sur le volet sécuritaire, il a évoqué la volonté de l’industrie de défense ukrainienne de coopérer avec les armées africaines, en soulignant que cette dynamique permettrait, selon lui, de réduire l’influence russe sur le continent.
Cette main tendue survient dans un contexte de fortes tensions entre Kiev et certains pays du Sahel. Bamako, Niamey et Ouagadougou ont rompu ou suspendu leurs relations diplomatiques avec l’Ukraine, après que des diplomates ukrainiens ont publiquement assumé un soutien aux mouvements rebelles maliens. Le Burkina Faso est même allé jusqu’à déposer une plainte formelle contre Kiev. Cette fracture régionale affaiblit la posture ukrainienne et révèle les limites de sa stratégie d’influence.
Malgré cet isolement partiel, Zelensky persiste à vouloir consolider la présence ukrainienne sur le continent. Il affirme ne pas chercher à s’imposer, contrairement à Moscou, mais plutôt à offrir une alternative crédible en matière de développement économique et de coopération sécuritaire. Il affirme aussi percevoir une évolution dans la position de certains États africains à l’égard de la Russie, citant notamment le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui aurait exprimé son désenchantement face à l’attitude de Vladimir Poutine sur la guerre en Ukraine.
En réalité, l’Ukraine peine à rivaliser avec la puissance de frappe diplomatique, militaire et médiatique de la Russie sur le continent. Présente depuis longtemps dans les sphères sécuritaires et économiques africaines, Moscou conserve de solides relais, notamment à travers le Groupe Wagner ou via des accords bilatéraux. En s’attaquant à ce bastion d’influence russe, Zelensky cherche à repositionner son pays comme un acteur géopolitique global, mais il se heurte à une réalité : la politique africaine de Kiev reste encore peu structurée, et ses soutiens sur le continent, limités.
La posture africaine face à la guerre en Ukraine, initialement prudente voire neutre, évolue sous la pression croissante des alliances globales. Le bloc sahélien, tourné vers la Russie, s’oppose de plus en plus ouvertement aux initiatives ukrainiennes, tandis que d’autres États comme le Kenya, le Ghana ou l’Afrique du Sud affichent des positions plus nuancées. Dans ce jeu d’alliances mouvantes, Kiev cherche encore sa place, entre diplomatie pragmatique et affirmation stratégique.