Le 29 avril 2025, le général Assimi Goïta, actuel président de la transition au Mali, a été proposé pour un mandat de cinq ans à la tête de la République malienne, sans passer par des élections. Cette décision a été prise lors de la phase nationale des consultations des forces vives de la nation, organisées à Bamako dans le cadre de la révision de la charte des partis politiques. Si cette proposition est validée, elle marquerait la fin du processus de transition entamé en 2021, en contradiction avec les engagements initiaux des autorités militaires de remettre le pouvoir aux civils par voie électorale.
La proposition de maintenir Goïta à la tête du pays pendant cinq ans et de le hisser au rang de président de la République sans élection intervient dans un contexte difficile pour le Mali, entre crise économique et tensions sécuritaires. En effet, cette décision s’inscrit dans un alignement avec les trajectoires politiques de certains voisins de la région, comme le Niger, où le général Abdourahmane Tiani a été investi président en mars 2025, ou le Burkina Faso, où le capitaine Ibrahim Traoré a pris les rênes du pays en 2024. Ces réformes politiques profondes visent à donner un nouveau visage à la gouvernance malienne, tout en maintenant l’autorité militaire.
Depuis son arrivée au pouvoir en juin 2021, Assimi Goïta a impulsé une série de réformes politiques et institutionnelles visant à transformer le pays, avec l’adoption d’une nouvelle Constitution en juillet 2023 et la création de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), destinée à assurer la transparence des futurs scrutins. Cependant, le calendrier de transition, initialement prévu pour se conclure en mars 2024, a été repoussé à plusieurs reprises, notamment suite à l’annulation de l’élection présidentielle de février 2024, retardant ainsi toute perspective d’élections démocratiques.
Le contexte économique malien reste préoccupant, avec une inflation persistante et des niveaux de pauvreté croissants, aggravés par des crises énergétiques récurrentes et des sécheresses sévères. Les plans de relance peinent à soutenir une croissance durable. Parallèlement, le pays fait face à une situation sécuritaire extrêmement instable. Bien que certaines localités aient été reprises aux groupes armés, les attaques djihadistes dans le nord et le centre du pays continuent de causer des pertes humaines et de maintenir un climat de peur, compliquant les efforts de reconstruction du Mali.
Dans ce contexte tendu, la mission de Goïta, s’il est confirmé à la tête de l’État, serait de restaurer la stabilité du pays tout en poursuivant les réformes économiques et institutionnelles. Cependant, la prolongation de la transition soulève des interrogations sur la pérennité de la démocratie et sur les implications pour les relations internationales du Mali, notamment avec ses partenaires occidentaux et au sein de la CEDEAO. Le report des élections et la consolidation du pouvoir militaire pourraient également susciter des résistances internes, notamment parmi les partis politiques et la société civile, qui appellent à un retour rapide à un régime démocratique.
Les consultations nationales ont également permis d’identifier d’autres mesures radicales, telles que la suppression du statut de chef de l’opposition et le durcissement des conditions pour accéder à la présidence, notamment une caution de 250 millions FCFA. Ces propositions marquent une volonté de remodeler profondément le paysage politique malien, mais elles soulèvent des questions sur la liberté politique et l’inclusivité des futurs processus électoraux, si ceux-ci ont lieu.