Le président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) du Mali, le Professeur Alkadri Diarra, a été révoqué de ses fonctions par décret présidentiel le 23 juillet 2025. Cette décision, prise par le colonel Assimi Goïta, intervient moins de cinq mois après la prestation de serment du professeur devant la Cour suprême, le 13 mars dernier.
La révocation trouve son fondement juridique dans l’article 16 de la loi de 2016 qui régit la CNDH, interdisant formellement à ses membres de cumuler leur mandat avec toute autre fonction professionnelle, publique ou privée, excepté dans les domaines de la recherche et de l’enseignement. Le Professeur Diarra, nommé initialement par décret en décembre 2024, se trouvait manifestement en situation d’incompatibilité avec cette disposition légale, bien que les détails précis de ce cumul n’aient pas été explicités publiquement.
Cette affaire révèle les défis persistants de gouvernance institutionnelle au Mali, où les autorités de transition naviguent entre respect des textes et stabilité des institutions. Depuis le coup d’État de 2020, les autorités militaires ont multiplié les remaniements dans les institutions, souvent au nom de la conformité légale ou de la lutte contre la corruption. La CNDH, créée en 2016 pour renforcer l’État de droit, se retrouve elle-même confrontée aux rigueurs de l’application stricte des textes.
L’intérim de la présidence est désormais assuré par Me Aïssata Founé Tembely, membre de la Commission, dans l’attente probable d’une nouvelle nomination. Cette transition soulève des questions sur la capacité de l’institution à maintenir ses missions de protection des droits humains dans un contexte politique tendu, marqué par les restrictions imposées par la junte et les critiques internationales sur la situation des libertés publiques.
La CNDH a tenu à rassurer sur sa capacité à poursuivre ses activités malgré cette crise de leadership. L’institution reste néanmoins fragilisée dans un pays où les violations des droits humains se multiplient, notamment dans les zones de conflit du nord et du centre. Cette révocation intervient alors que le Mali fait face à des défis sécuritaires majeurs et que les partenaires internationaux scrutent de près le respect des engagements démocratiques des autorités de transition.
Au-delà du cas individuel du Professeur Diarra, cette affaire illustre les difficultés structurelles du Mali à stabiliser ses institutions dans une période de transition prolongée. Elle pose également la question de l’efficacité des mécanismes de contrôle préalable lors des nominations, évitant ainsi les révocations a posteriori qui fragilisent la crédibilité des institutions et leur continuité opérationnelle.