Le gouvernement malien continue de renforcer sa pression sur les compagnies minières opérant sur son sol, avec l’arrestation de Terence Holohan, PDG de la société australienne Resolute Mining, ainsi que de deux autres employés de la compagnie. Cette arrestation intervient dans un contexte où le Mali accuse les producteurs d’or de multiples infractions financières, cherchant à récupérer un manque à gagner évalué entre 300 et 600 milliards de FCFA, soit environ 490 à 980 millions de dollars.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement malien agit ainsi. En effet, quatre employés du canadien Barrick avaient déjà été arrêtés en septembre 2024, alors que les autorités de Bamako tentent de renégocier les termes de l’exploitation minière dans le pays. L’arrestation de Terence Holohan s’est produite lors de négociations entre les dirigeants de Resolute et les autorités maliennes, qui visent à faire avancer des plaintes et des négociations sur les pratiques financières de la société.
L’initiative du gouvernement malien s’inscrit dans le cadre d’une vaste offensive visant à récupérer des fonds considérables que l’État estime avoir perdus à cause des compagnies minières. Un audit, achevé en 2023, a mis en lumière les pertes fiscales potentielles causées par certaines pratiques des compagnies minières, justifiant ainsi la pression actuelle. Depuis, Bamako n’a cessé de multiplier les actions pour faire appliquer un nouveau cadre légal et améliorer les bénéfices tirés de l’exploitation de l’or.
Les négociations entre le gouvernement et les compagnies minières se poursuivent. Resolute n’est pas la seule société concernée. Barrick, dont plusieurs employés ont été arrêtés il y a quelques semaines, a récemment annoncé un accord avec les autorités locales. Bien que les termes exacts de cet accord demeurent inconnus, des tensions persistent et le Mali a accusé la société de ne pas respecter certaines clauses, menaçant même de ne pas renouveler un permis de la compagnie, arrivant à expiration en 2026.
L’enjeu des discussions porte également sur le partage des avantages économiques. La compagnie Barrick aurait proposé à l’État malien une participation de 55 % sur l’exploitation de la mine de Loulo-Gounkoto, la plus importante du Mali. Les autorités, de leur côté, réclameraient 500 millions de dollars pour des impayés de dividendes et d’impôts. Par ailleurs, Bamako souhaite mettre en œuvre le nouveau code minier, qui augmenterait la participation étatique et locale à 35 %, contre 20 % actuellement.
La stratégie du gouvernement malien visant à récupérer davantage de bénéfices de ses ressources minières est suivie avec attention par les acteurs du secteur. L’avenir des relations entre Bamako et les compagnies minières semble tributaire des accords à venir et de la capacité des deux parties à trouver un compromis durable. Pour l’heure, la pression ne cesse de monter, et la situation des compagnies minières étrangères reste incertaine, alors que le Mali semble déterminé à faire respecter ses nouvelles conditions.