Des médias indiquaient, jeudi 17 novembre que la France envisageait de suspendre son aide au développement envers le Mali. Lundi 21 novembre, Bamako a annoncé en représailles l’interdiction des activités des ONG financées par Paris, même dans le domaine humanitaire.
Le Mali vient d’interdire « avec effet immédiat », les activités des organisations non-gouvernementales financées ou bénéficiant d’un appui technique de la France sur son territoire. L’annonce a été faite par le gouvernement dans un communiqué publié lundi 21 novembre.
Cette décision fait suite à la suspension annoncée de l’aide publique au développement (APD) de la France envers Bamako. Dans leur communiqué, les autorités expliquent avoir pris note de la décision « aux motifs fallacieux de la coopération militaire Mali-Russie et des risques de détournement de cette aide », précisant que Paris avait déjà notifié par voie diplomatique la suspension de coopération au développement avec le Mali depuis le mois de février.
« Le Gouvernement de la Transition réaffirme que ces allégations fantaisistes sont sans aucun fondement et considère cette annonce de la junte française comme un non-événement. […] Cette décision de la France […] ne suscite aucun regret d’autant plus qu’elle contribue à la restauration de notre dignité bafouée par une junte française spécialisée d’une part dans l’octroi d’aide déshumanisante pour notre Peuple et utilisée comme moyen de chantage des gouvernants, et d’autre part dans le soutien actif aux groupes terroristes », indique le communiqué.
Pour rappel, un article du journal Le Monde, paru jeudi 17 novembre indiquait que l’Elysée prévoyait de suspendre l’aide au développement envers le Mali. Bien que l’information n’ait pas encore été officiellement confirmée par le gouvernement français, le collectif Coordination Sud, regroupant des ONG françaises de solidarité internationale, a indiqué dans un courrier adressé à Emmanuel Macron que la suspension de l’APD allouée par Paris « entraînera l’arrêt d’activités essentielles voire vitales menées […] au profit de populations en situation de grande pauvreté ».
Au total, près de 70 projets de développement en cours ou prévus au Mali ces prochaines années pourraient être stoppés en cas d’application de la mesure.
D’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Mali a reçu 121 millions $ d’aide publique au développement de la France en 2020. Alors que plusieurs pays, tels que la Suède, le Royaume-Uni ou la Côte d’Ivoire ont entamé le retrait de leurs Forces du Mali, la suspension de l’APD de la France pourrait ouvrir un nouveau front économique dans le processus d’isolation progressive de Bamako sur la scène internationale.
Notons que, d’après l’ONU, la situation humanitaire au Mali, en proie à l’insécurité et aux chocs climatiques, est préoccupante. L’institution estime que 7,5 millions de personnes dans le pays ont besoin d’assistance humanitaire cette année, 4,8 millions sont en situation d’insécurité alimentaire alors que 1 664 écoles sont non fonctionnelles, soit 16 % des écoles du Mali.
Agence ecofin