Arrêté pour des propos jugés offensants à l’encontre du président ivoirien Alassane Ouattara, Mamadou Hawa Gassama, membre du Conseil national de transition (CNT) du Mali, a présenté des excuses officielles dans une lettre datée du 10 juillet. Bien que toujours détenu, il se dit prêt à réparer le tort causé, selon son avocat.
Dans cette lettre qualifiée de « personnelle et confidentielle », Gassama exprime ses « profonds regrets » pour ses déclarations, qu’il reconnaît comme pouvant avoir été offensantes. « Je n’ai jamais eu l’intention de vous manquer de respect ni d’entacher votre image », écrit-il, tout en évoquant une réaction à un contexte tendu. Le document a été transmis par les canaux officiels, précise son avocat Mamadou Ismaïla Konaté, qui met en garde contre la diffusion de copies non authentifiées.
Membre du CNT depuis 2021, Gassama a été interpellé à Abidjan le 2 juillet. Il est poursuivi pour « atteinte aux institutions de la transition » et « trouble à l’ordre public par voie de communication », notamment en vertu de la loi de 2019 sur la cybercriminalité. Selon le parquet, ses propos visaient à la fois les autorités maliennes et le président Ouattara, et auraient contribué à troubler la tranquillité publique.
Jusqu’à présent, aucune réaction n’a été enregistrée du côté du gouvernement malien. En revanche, l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) s’est dite préoccupée par une détention sans transparence et a appelé, dans un communiqué daté du 8 juillet, au respect des droits de la défense et de la présomption d’innocence.
Aucune date d’audience n’a été fixée, et Gassama reste détenu à la maison d’arrêt centrale d’Abidjan. Son avocat affirme que la défense poursuit ses démarches « avec sérénité et rigueur » et que l’accusé espère une issue conforme aux principes de droit. Il se dit également ouvert à toute initiative utile pour apaiser les tensions diplomatiques.
Ce dossier, au-delà de ses aspects judiciaires, illustre la crispation croissante autour de la liberté d’expression au Mali, dans un contexte de transition politique marqué par une sensibilité accrue aux critiques internes comme externes. Il met aussi en lumière les fragilités des relations diplomatiques entre certains pays ouest-africains, où les divergences politiques peuvent rapidement basculer en affaires judiciaires.