Le ministère français des Affaires étrangères a rejeté, le 16 août, les accusations des autorités maliennes visant l’un de ses ressortissants, arrêté dans le cadre d’une enquête pour tentative de déstabilisation. Paris affirme qu’il s’agit d’un employé de son ambassade à Bamako et réclame sa libération immédiate.
Bamako a annoncé l’arrestation de plusieurs dizaines de personnes, parmi lesquelles des généraux de l’armée et le Français Yann Vezilier. Les autorités le présentent comme un agent des services de renseignement, accusé d’avoir mobilisé militaires et membres de la société civile dans un projet de complot. Paris dément catégoriquement, précisant qu’il est un diplomate « dûment accrédité » bénéficiant des immunités prévues par la Convention de Vienne.
Cet épisode s’inscrit dans un contexte de fortes tensions entre la junte malienne et la France depuis le retrait des forces françaises et la rupture progressive des liens diplomatiques. Bamako accuse régulièrement des puissances étrangères de chercher à déstabiliser le pays, tandis que Paris dénonce des atteintes aux droits des opposants et un durcissement autoritaire du régime. L’arrestation d’un Français dans ce cadre ne fait qu’accentuer la crise de confiance.
Le Quai d’Orsay a confirmé que des discussions sont en cours avec les autorités maliennes. La libération rapide de Yann Vezilier est présentée comme une priorité. Mais les perspectives restent incertaines : Bamako, qui entend affirmer sa souveraineté et son indépendance face aux anciennes puissances coloniales, pourrait chercher à instrumentaliser cette affaire à des fins politiques internes et régionales.
Selon une source sécuritaire malienne, au moins 55 personnes auraient été interpellées, dont les généraux Abass Dembélé et Nema Sagara. La multiplication de ces arrestations révèle un climat de suspicion généralisée au sein de l’armée et des élites. Les accusations de « complot » sont de plus en plus utilisées pour neutraliser toute forme d’opposition, qu’elle soit réelle ou supposée.
Cette arrestation illustre à la fois la fragilité de la scène politique malienne et la dégradation continue des relations franco-maliennes. Pour Paris, il s’agit de défendre un principe diplomatique majeur, celui de l’immunité de ses agents. Pour Bamako, c’est une nouvelle occasion de s’affirmer comme un État défiant les ingérences étrangères. L’issue de cette confrontation dépendra de l’équilibre entre pressions diplomatiques, calculs politiques et volonté d’apaisement.