Les Forces armées maliennes (FAMa) ont annoncé avoir éliminé, le 21 juillet, Souleymane Ag Bakawa, l’un des principaux cadres de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), dans la zone de Tinfadima, au nord-est du Mali. Cette opération ciblée constitue un coup dur pour la branche sahélienne de l’organisation jihadiste, active dans la région des trois frontières.
Selon le communiqué officiel, l’opération menée par les FAMa était une “opération de précision”, visant un individu identifié comme un acteur central des violences contre les forces maliennes et les civils. Souleymane Ag Bakawa, surnommé “Soldat”, est un ancien militaire malien qui avait déserté pour rejoindre les rangs jihadistes. Il est accusé d’avoir pris part à de nombreux enlèvements de civils, ainsi qu’à des assassinats ciblés contre des soldats maliens et des habitants de la région.
La zone où s’est déroulée l’opération, à proximité de Ménaka, est l’un des foyers les plus instables du Mali. Depuis 2012, le nord du pays est le théâtre d’un enchevêtrement de rébellions touarègues, d’insurrections jihadistes et de tensions intercommunautaires. L’EIGS, groupe affilié à l’organisation État islamique (Daech), s’est implanté solidement dans cette région désertique, profitant de l’effondrement de l’autorité de l’État et des rivalités entre groupes armés.
La neutralisation de Souleymane Ag Bakawa marque une victoire pour les FAMa, engagées depuis des mois dans une stratégie offensive visant à reprendre le contrôle des zones rurales échappant à l’État. Mais cette opération, aussi significative soit-elle, ne signifie pas la fin de la menace jihadiste dans la région. D’autres cadres de l’EIGS et de groupes affiliés restent actifs, et les zones frontalières avec le Niger et le Burkina Faso restent largement incontrôlées.
Si les autorités de transition célèbrent ce succès, les dynamiques locales complexes – rivalités ethniques, absence de services publics, méfiance envers l’armée – alimentent un terreau fertile pour la résurgence de groupes armés. Le retour à une stabilité durable passera autant par des victoires militaires que par une réelle reconstruction de la gouvernance locale et de la confiance des populations. La neutralisation d’un chef jihadiste, bien qu’importante, ne suffit pas à elle seule à inverser la tendance.