Le 9 juillet, l’Assemblée nationale camerounaise a adopté une loi prolongeant le mandat des députés jusqu’au 30 mars 2026, au lieu du 10 mars 2025. Cette décision s’applique également aux élus municipaux sans nécessiter l’approbation de l’Assemblée nationale.
Cette prorogation modifie le calendrier électoral, reportant les élections législatives et municipales prévues début 2025 après l’élection présidentielle d’octobre 2025. Les autorités justifient ce décalage par les contraintes matérielles, humaines et financières liées à l’organisation des scrutins.
Ce report n’est pas une première : c’est la troisième fois que le mandat des députés est prolongé. Le journal gouvernemental Cameroon Tribune cite des raisons techniques et financières, mentionnant les difficultés de trésorerie de l’État. Cette décision est présentée comme un choix pragmatique par le président Paul Biya.
Selon Hilaire Kamga, spécialiste du droit électoral, cette manœuvre vise à maintenir le statu quo et un rapport de force avantageux pour le RDPC, le parti majoritaire, avant l’élection présidentielle. Le prolongement des mandats assure au parti au pouvoir une position dominante au Parlement et au niveau local.
Concernant l’opposant Maurice Kamto, le secrétaire national à la communication de son parti, Joseph Emmanuel Ateba, affirme que cette prolongation n’affecte pas ses ambitions présidentielles. Le MRC, qui avait boycotté les législatives et municipales de 2020, dispose de plusieurs options pour garantir la candidature de Kamto, telles que l’obtention de signatures de soutien ou l’investiture par un autre parti.
La prorogation des mandats des députés et des élus municipaux au Cameroun soulève des questions sur les motivations réelles derrière ce choix et ses conséquences pour le paysage politique national. Le report des élections législatives et municipales pourrait renforcer le contrôle du parti au pouvoir, tout en offrant à l’opposition de nouvelles stratégies pour se préparer à la présidentielle de 2025.