Le comité Nobel a décerné, ce vendredi 10 octobre, le prix Nobel de la paix à Maria Corina Machado, figure de l’opposition vénézuélienne. L’institution norvégienne salue son engagement constant pour une transition pacifique vers la démocratie dans un pays miné par l’autoritarisme. « Elle incarne l’un des exemples les plus remarquables de courage civique en Amérique latine », a déclaré Jorgen Watne Frydnes, président du comité Nobel, à Oslo.
Maria Corina Machado s’est imposée comme une voix unificatrice d’une opposition longtemps fragmentée. Selon le comité, elle a su rallier autour d’elle des mouvements politiques autrefois irréconciliables, unis désormais par une même exigence : des élections libres et transparentes. Son rôle a été décisif à un moment où le Venezuela, autrefois prospère et démocratique, s’enfonce dans une crise économique et humanitaire profonde sous le régime de Nicolás Maduro.
Depuis 2013, le pouvoir de Maduro a progressivement restreint les libertés politiques et civiles, transformant le Venezuela en un État autoritaire. Inéligible à la présidentielle, Maria Corina Machado avait cédé sa place à Edmundo González Urrutia, reconnu par une partie de la communauté internationale comme le vainqueur du scrutin contesté. Tandis que ce dernier vit aujourd’hui en exil en Espagne, Machado a choisi de rester sur le sol vénézuélien malgré les menaces, vivant désormais dans la clandestinité.
L’attribution du Nobel à Maria Corina Machado a été accueillie avec émotion à Caracas. Dans une vidéo transmise à l’AFP, la lauréate, visiblement bouleversée, a confié être « sous le choc » de cette distinction. Pour de nombreux Vénézuéliens, cette reconnaissance internationale vient valider des années de résistance face à la répression. « Cette récompense reflète les aspirations du peuple à la liberté, à la justice et à l’État de droit », a déclaré Thameen Al-Kheetan, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.
Surnommée la « libertadora » en référence au héros indépendantiste Simón Bolívar, Machado avait conquis plus de 90 % des voix lors des primaires de l’opposition en 2023, démontrant son influence populaire. Le Nobel vient renforcer son image de leader moral, mais la route vers une véritable alternance demeure semée d’embûches : les divisions internes, la peur de la répression et l’usure d’une population plongée dans la pauvreté.
En arrière-plan, ce choix du comité Nobel écarte une candidature bruyamment défendue par Donald Trump, qui espérait être récompensé pour son « rôle dans la résolution de plusieurs conflits ». L’ancien président américain, revenu à la Maison-Blanche en janvier, n’a cessé d’affirmer qu’il « méritait » le Nobel – une prétention jugée infondée par de nombreux observateurs. Le contraste entre la figure d’une militante traquée et celle d’un dirigeant en quête de reconnaissance renforce le message symbolique du comité : le courage politique prime sur la puissance.