Par RFI
Fatema Karim a été condamné à deux ans de prison ferme pour « atteinte à la religion musulmane ». Elle a cependant présenté publiquement ses excuses « à quiconque s’est senti offensé » par ses propos, assurant qu’elle n’a jamais voulu porter atteinte à l’islam.
Fatema Karim, qui se présente comme laïque, avait posté sur son Facebook, sur un ton satirique, des commentaires concernant un verset du Coran et des Hadiths du prophète Mahomet, était aux arrêts depuis le 15 juillet.
Condamnée au terme de l’article 267-5 du code pénal marocain qui punit de six mois à deux ans « quiconque porte atteinte à la religion musulmane », a fait appel du jugement prononcé lundi par le tribunal de première instance d’Oued Zem, petite ville situé à quelque 150 km de Casablanca, et défend son droit à la liberté d’expression. Les défenseurs des droits humains dénoncent ce texte de loi qui entrave la liberté d’expression et dont la formulation « ne spécifie pas concrètement les faits qui pourraient constituer une atteinte ».
« Personnellement, et en tant que son frère, je considère que le verdict est très sévère », déclare Bouazza Karim, frère de la blogueuse marocaine. « Comme l’a expliqué ma sœur, elle n’a fait qu’exprimer ses convictions. Sa liberté d’expression est garantie par la constitution tout comme la liberté des croyances au terme de l’article 3 de la constitution du Royaume marocain qui est une constitution avancée. Une constitution “des droits et des libertés” comme la nomment les constitutionnalistes » explique-t-il au micro de Houda Ibrahim, du service Afrique de RFI.
« Verdicts sévères »
« On est surpris aujourd’hui par ces accusations, et ces verdicts sévères envers plusieurs blogueurs qui adoptent différentes idées à propos de l’Islam. Le tribunal n’a pas pris en compte, ni l’état de santé de ma sœur, ni ses conditions familiales, ni l’avancée de notre pays au niveau des droits de l’homme. »
En juin 2021, une autre marocaine portant également la nationalité italienne a été condamnée à trois ans et demi de prison ferme pour avoir publié des phrases satiriques imitant des versets du Coran, mais elle a été libérée peu de temps après suite à une campagne de protestation de défenseurs des droits humains.
« Je souhaite la révision de ses matières lors de la prochaine réforme du droit pénal que l’on se prépare à faire, suite aux défauts relevés, surtout en ce qui concerne les libertés et les droits fondamentaux garantis par la constitution de 2011 » ajoute Bouazza Karim.