À Maurice, l’Alliance du changement, après avoir remporté un triomphe écrasant aux élections législatives de novembre 2024, confirme sa domination lors des élections municipales du 4 mai 2025. Un raz-de-marée électoral, avec 117 sièges sur 120, s’annonce en sa faveur. Ce succès, bien que marqué par l’absence des principaux partis d’opposition, n’a pas suscité de réel engouement. Le taux de participation a été particulièrement faible, avec seulement 26 % des électeurs inscrits se rendant aux urnes.
L’Alliance du changement, composée du Parti Travailliste (PTr) de Navin Ramgoolam et du Mouvement militant mauricien (MMM) de Paul Bérenger, contrôle désormais les cinq villes du pays. L’absence totale de ses adversaires traditionnels, encore démoralisés par leur défaite aux législatives, a facilité la tâche de l’alliance au pouvoir. Ce scénario a rendu la compétition quasiment inexistante, faisant de ces municipales une formalité. Ainsi, le bloc politique a pu remporter presque tous les sièges, portant un coup sévère à la diversité politique locale.
Le faible taux de participation est un signe d’alarme pour la démocratie mauricienne. En effet, seuls 26 % des électeurs inscrits ont fait l’effort de voter, ce qui témoigne d’un désintérêt massif de la population. L’absence d’enjeux clairs, exacerbée par le boycott des principales formations politiques de l’opposition, a largement contribué à cette situation. La population semble fatiguée par un processus électoral jugé sans débat réel, rendant le scrutin plus une formalité qu’un véritable choix démocratique.
Le faible engouement pour ces élections trouve également ses racines dans une structure politique où les municipalités manquent cruellement d’autonomie. En dépit de l’importance des collectivités locales dans la vie quotidienne des citoyens, les décisions majeures concernant les budgets, les projets d’infrastructure et les politiques publiques sont prises par le gouvernement central. Cette centralisation du pouvoir limite les capacités d’action des municipalités et dévalorise le rôle des élus locaux.
Face à ce constat, des voix se sont élevées pour réclamer une réforme du système politique mauricien, afin de donner plus de pouvoir aux municipalités et de renforcer la démocratie locale. Les réformes proposées incluent un transfert de certaines compétences des autorités centrales vers les municipalités et un système plus autonome de gestion des projets locaux. Les nouveaux conseillers municipaux, une fois élus, auront la tâche de désigner les maires des cinq villes. Il reste à voir si ces réformes pourront répondre aux attentes des citoyens en matière de gouvernance locale.
Bien que l’Alliance du changement semble solidement ancrée au pouvoir, l’avenir politique de Maurice pourrait être façonné par les réformes proposées. Si ces dernières trouvent un écho favorable, elles pourraient permettre une redynamisation de la politique locale et une plus grande participation des citoyens aux décisions publiques. À terme, un tel changement pourrait offrir une nouvelle forme de gouvernance, plus proche des préoccupations des Mauriciens.