Le 3 octobre, le Royaume-Uni et Maurice ont signé un accord mettant fin à un litige qui durait depuis plus d’un demi-siècle. Ce texte reconnaît officiellement la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos, une victoire historique pour l’île. Cependant, cette restitution s’accompagne d’une clause majeure : Londres conserve le contrôle de la base militaire de Diego Garcia, un site stratégique partagé avec les États-Unis, pour une durée initiale de 99 ans.
La base militaire de Diego Garcia est un point névralgique pour la surveillance et le contrôle des communications dans l’océan Indien. Cette installation joue un rôle essentiel dans les opérations militaires et la sécurité régionale des puissances occidentales. Pour son édification, près de 2 000 habitants de l’archipel avaient été expulsés par les autorités coloniales britanniques dans les années 1960, une action qui continue de susciter des critiques à ce jour.
Cet accord marque une étape décisive dans le processus de décolonisation de Maurice, près de 56 ans après l’indépendance de l’île. L’archipel des Chagos avait été séparé de Maurice par le Royaume-Uni juste avant cette indépendance en 1968. Depuis, Maurice n’a cessé de revendiquer la restitution de ces territoires, avec le soutien de la communauté internationale, y compris la Cour internationale de justice et l’Assemblée générale des Nations Unies.
La restitution des îles Chagos à Maurice est saluée par l’Union africaine, qui voit en cet accord une victoire pour la cause de la décolonisation en Afrique et dans le monde. Le président de la Commission de l’UA a souligné l’importance de cet événement pour le droit international et l’autodétermination des peuples. Cependant, la présence militaire prolongée des États-Unis et du Royaume-Uni sur Diego Garcia laisse entrevoir des défis pour l’avenir des relations entre ces nations et Maurice.
Cet accord a généré de vives réactions au Royaume-Uni, en particulier au sein du Parti conservateur. James Cleverly, candidat à la direction du parti, a critiqué la décision de céder l’archipel, qualifiant le gouvernement travailliste de “faible”. De plus, un débat interne a éclaté quant à la responsabilité de cette restitution, certains accusant l’ancienne Première ministre Liz Truss d’avoir entamé les négociations, tandis qu’elle renvoie la faute à Boris Johnson, son prédécesseur.
Bien que la souveraineté de Maurice soit reconnue, la situation des anciens habitants de l’archipel, les Chagossiens, reste incertaine. Déplacés il y a plus de 50 ans, ils n’ont toujours pas obtenu le droit de retourner sur leurs terres ancestrales. Les perspectives de retour restent floues, bien que l’accord pourrait ouvrir des discussions sur leur réhabilitation. Le rôle de Diego Garcia dans cette équation sera crucial pour déterminer leur avenir.