L’ex-président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a vu sa peine alourdie en appel ce mercredi 14 mai 2025. Jugé pour avoir abusé de son pouvoir afin d’amasser une fortune considérable, il a été condamné à une peine de 15 ans de prison ferme, soit dix ans de plus que la sentence initiale de cinq ans. Cette condamnation survient après six mois de procès en appel, au cours desquels l’ancien président a dû justifier l’origine de sa richesse, notamment en réponse aux accusations d’enrichissement illicite, de trafic d’influence et de blanchiment.
La cour d’appel de Nouakchott a jugé que Mohamed Ould Abdel Aziz s’était rendu coupable de plusieurs infractions graves, en plus de l’enrichissement illicite déjà mentionné en première instance. Les charges de blanchiment d’argent ont été retenues contre lui, ce qui a conduit à une condamnation plus sévère. Le tribunal a confirmé la confiscation de ses biens et sa déchéance de tous ses droits civiques. Cette décision de la cour a été accueillie sans émotion apparente par l’ex-président, qui continue de clamer son innocence et considère ce procès comme un complot politique visant à le discréditer.
Les avocats de la défense n’ont pas tardé à critiquer cette décision. Ils dénoncent une condamnation injustifiée et promettent de porter l’affaire en cassation. Selon eux, la loi sur le blanchiment d’argent n’était pas en vigueur au début du procès et ne pouvait donc pas s’appliquer rétroactivement. Cependant, les avocats de la partie civile soutiennent que la ratification par la Mauritanie de conventions internationales permettait d’appliquer ces charges, et soulignent que l’ex-président a lui-même reconnu s’être enrichi de manière illicite. Pour la partie civile, cette décision judiciaire marque un tournant important, rappelant la responsabilité des dirigeants dans la gestion des biens publics.
Mohamed Ould Abdel Aziz, 68 ans, a dirigé la Mauritanie pendant plus de dix ans, de 2008 à 2019. Il fait désormais partie des rares anciens chefs d’État africains à être condamnés pour corruption et enrichissement illicite. Son procès intervient dans un contexte politique complexe, alors qu’il est toujours détenu depuis janvier 2023, après avoir été incarcéré une première fois en 2021. Ce jugement met également en lumière les tensions entre l’ex-président et son successeur, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qui était un proche allié de l’ex-président avant de prendre ses distances.
Cette condamnation pourrait avoir des répercussions profondes, non seulement sur la politique intérieure de la Mauritanie, mais aussi sur la perception de l’impunité des élites africaines. La décision est vue comme un signal fort contre la corruption, un mal endémique dans de nombreux pays du continent. La classe politique mauritanienne pourrait ainsi être poussée à une introspection sur la transparence et l’éthique en politique, bien que certains observateurs demeurent sceptiques sur les véritables motivations derrière cette condamnation.
Le procès de Mohamed Ould Abdel Aziz constitue un précédent important en Afrique, où la justice peine souvent à condamner les dirigeants pour des faits de corruption. La condamnation de l’ex-président mauritanien pourrait inspirer d’autres pays à engager des poursuites contre des figures politiques responsables de malversations. Me Lo Gourmo Abdul, avocat de la partie civile, estime que cette décision pourrait servir de leçon au peuple mauritanien et inciter la classe politique à adopter des comportements plus responsables.