La République démocratique du Congo (RDC) a engagé des poursuites judiciaires en France et en Belgique contre des filiales d’Apple. L’État congolais accuse le géant américain d’utiliser des minerais extraits illégalement dans l’est du pays, une région marquée par des conflits persistants. Selon la plainte déposée, ces minerais seraient acheminés clandestinement au Rwanda, où ils seraient blanchis avant d’intégrer les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Les avocats de la RDC, dont William Bourdon et Christophe Marchand, reprochent à Apple des « pratiques commerciales trompeuses » visant à rassurer les consommateurs sur la traçabilité de ses produits. La plainte va plus loin, accusant la multinationale de recel de crimes graves, incluant des crimes de guerre, de blanchiment, et de tromperie. Pour les avocats, il est impératif de « confronter les entreprises » aux souffrances infligées par leur rôle dans l’exploitation des minerais.
L’est de la RDC est plongé dans une spirale de violences depuis les années 1990, alimentée par la convoitise de ses ressources minières. Le conflit a pris un nouveau tournant avec la résurgence du groupe armé M23 en 2021, accusé par Kinshasa d’être soutenu par le Rwanda. Selon les autorités congolaises, Kigali chercherait à s’approprier les minerais de la région, intensifiant ainsi les tensions géopolitiques.
Pour la RDC, cette plainte est une première étape dans la lutte contre le pillage de ses ressources naturelles. Les avocats s’appuient sur des rapports d’instances internationales telles que l’ONU et Global Witness pour exiger une responsabilisation des entreprises impliquées. Une lettre a également été adressée à Ursula von der Leyen pour impliquer l’Union européenne dans cette démarche.
Apple, de son côté, s’appuie sur son rapport 2023 pour rejeter les accusations, affirmant ne pas avoir trouvé de preuves d’implication de ses fournisseurs dans le financement de groupes armés. Le gouvernement rwandais a également dénoncé des allégations sans fondement, accusant Kinshasa de vouloir détourner l’attention des médias par des « fausses accusations ». Une rhétorique déjà employée dans un contexte régional tendu.
L’exploitation illégale des minerais en RDC ne se limite pas à des enjeux économiques. Selon les avocats, elle contribue à des destructions massives et alimente un cycle de violence qui touche durement les populations locales. Le travail forcé des enfants, les déplacements massifs et la dégradation de l’environnement sont autant de conséquences dénoncées par la plainte, qui espère provoquer un débat global sur les responsabilités des multinationales dans ces conflits.