Lors du Mining Indaba, le sommet annuel du secteur minier africain tenu du 9 au 12 février au Cap, le conflit dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) a suscité des débats importants, notamment en raison de la mainmise de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, sur les ressources minières de la région.
Les autorités congolaises ont dénoncé ce qu’elles appellent le « pillage des ressources » dans l’Est du pays, où le M23 contrôle une partie des mines. Le ministre congolais des Mines, Kizito Pakabomba, et la Première ministre Judith Suminwa Tuluka ont exprimé leur préoccupation, soulignant que des minerais, notamment du coltan, sont extraits clandestinement et traversent la frontière vers le Rwanda, où ils sont certifiés comme d’origine rwandaise. Cette pratique est confirmée par des rapports d’experts des Nations unies et de l’ONG Global Witness.
Le trafic de minerais dans l’Est de la RDC n’est pas un phénomène récent, mais il a été exacerbé par la guerre et la présence de groupes armés comme le M23. La RDC, riche en ressources naturelles, a toujours été une zone de convoitise pour diverses puissances régionales et internationales. Cependant, la guerre prolongée et l’instabilité ont permis à ces pratiques illégales de se développer, tout en échappant aux mécanismes de traçabilité mis en place par le gouvernement congolais.
Les implications de ce phénomène sont multiples. D’une part, la situation pourrait compromettre les efforts de la RDC pour attirer de nouveaux investissements dans le secteur minier, pourtant crucial pour l’économie du pays. D’autre part, les entreprises mondiales utilisant ces minerais risquent de se retrouver impliquées dans des pratiques illégales, ce qui pourrait ternir leur image. L’escalade du conflit à Goma, avec la poursuite du pillage des ressources, est un facteur de plus en plus préoccupant pour les acteurs internationaux.
La prise de conscience des investisseurs, comme le souligne Adam Matthews, responsable des investissements du fonds de pension de l’Église d’Angleterre, devient de plus en plus urgente. Il estime qu’il est naïf de penser que les investisseurs ne sont pas exposés aux chaînes d’approvisionnement mondiales impliquées dans des zones de guerre. La situation en RDC démontre à quel point le secteur minier global est imbriqué dans des dynamiques géopolitiques complexes.
Enfin, la crise en RDC pourrait aussi affecter l’image du pays à l’international, comme le note Henri Wazne, directeur général de la SofiBanque. Bien que le Katanga, une région éloignée de l’Est, soit moins touchée par le conflit, la perception négative de l’instabilité pourrait freiner les investissements. La réponse européenne, avec une résolution pour suspendre l’accord sur les minerais entre l’UE et le Rwanda, souligne l’impact politique et économique de cette situation.