Trois étudiants étrangers de l’Université de Regina, originaires du Bangladesh, affirment avoir été victimes d’une agression à caractère raciste en plein centre-ville de Regina, au Canada. Parmi eux, Moshiur Samid, 22 ans, a reçu un jet de café froid au visage après avoir été insulté par un groupe d’hommes circulant en voiture. Ce type d’incident, bien que choquant, est loin d’être isolé selon des experts.
L’incident s’est produit dans la nuit du 23 décembre, alors que les trois jeunes hommes rentraient à pied d’un dépanneur. Une voiture s’est arrêtée près d’eux, et les occupants ont d’abord posé des questions anodines avant de lancer des insultes racistes, allant jusqu’à proférer des menaces de mort. Face à cette provocation, les étudiants ont tenté de garder leur calme, mais l’agression les a profondément marqués. “Nous avons été traités de ‘sales Indiens’ et on nous a demandé de quitter le pays”, raconte Moshiur Samid.
Selon Reena Kukreja, professeure à l’Université Queen’s en Ontario, cet événement est symptomatique d’une normalisation inquiétante des discours haineux au Canada. Ces discours, souvent amplifiés par des figures politiques et des réseaux sociaux, ciblent les immigrants racialisés, les désignant comme responsables des problèmes socio-économiques du pays. Ce climat contribue à des actes d’hostilité, comme celui vécu par les étudiants bangladais.
Les étudiants, bien qu’ébranlés, ont décidé de signaler l’incident à la police locale, fournissant même la plaque d’immatriculation des agresseurs. Cependant, ils estiment que les forces de l’ordre ne prennent pas l’affaire suffisamment au sérieux. “Je veux simplement que la police enquête correctement et que les coupables s’excusent”, insiste Moshiur Samid. Ces attentes mettent en lumière les défis liés à la gestion des crimes motivés par la haine.
Les conséquences psychologiques de cette agression sont profondes. Shariar Sabith, l’un des étudiants agressés, confie avoir évité de parler à ses proches pendant plusieurs jours, tant il se sentait bouleversé. “Je voulais juste pleurer”, avoue-t-il. Ces témoignages illustrent l’impact durable de ces agressions sur la vie quotidienne des victimes et la nécessité d’un soutien accru.
L’incident soulève des questions sur la responsabilité collective dans la lutte contre le racisme. Pour Reena Kukreja, la prise de conscience de la montée de ces discours est cruciale pour éviter que ces actes ne deviennent banals. Elle plaide pour une réponse plus ferme des autorités et une sensibilisation accrue de la population afin de contrer cette “crise plus large” qui menace de s’aggraver.