Le Mozambique a vécu une journée sous haute tension ce 9 janvier 2025. Venancio Mondlane, principal opposant au régime du Frelimo, a fait un retour remarqué à Maputo, accueilli par des milliers de partisans en liesse. Ce moment d’espoir a rapidement été marqué par une violente répression policière, témoignant de la crise politique et sociale qui secoue le pays depuis les élections contestées d’octobre dernier.
À son arrivée à l’aéroport, Venancio Mondlane n’a pas caché ses ambitions. Sous les projecteurs des médias et entouré de ses soutiens, il a prêté serment, Bible en main, se proclamant « président du peuple mozambicain ». Ce geste audacieux survient à une semaine de l’investiture officielle de Daniel Chapo, candidat du Frelimo, parti au pouvoir depuis l’indépendance. Mondlane, lui, revendique toujours sa victoire et appelle à la reconnaissance de la « vérité des urnes ».
Les élections générales du 9 octobre 2024 ont plongé le Mozambique dans une instabilité sans précédent depuis la fin de la guerre civile en 1992. Contestant un scrutin qu’il qualifie de « volé », Mondlane avait quitté le pays après l’assassinat de deux de ses proches. Depuis, les manifestations, souvent réprimées dans le sang, ont fait plus de 240 morts selon des organisations de la société civile. Cette violence illustre la fracture profonde qui divise le pays.
Venancio Mondlane affirme être prêt à engager des discussions avec le pouvoir en place, condition essentielle, selon lui, pour une sortie de crise. Le président Filipe Nyusi a convoqué les chefs de l’opposition pour des pourparlers, mais la méfiance entre les camps reste vive. Mondlane, de son côté, s’engage à affronter les accusations judiciaires portées contre lui, notamment pour son rôle présumé dans les violences des derniers mois.
La journée de liesse populaire s’est soldée par une intervention musclée des forces de l’ordre à Maputo. Tirs de gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc ont dispersé les foules, faisant plusieurs blessés graves. Cette escalade de la répression témoigne de la volonté des autorités de contenir la contestation, mais elle pourrait attiser davantage les tensions dans un pays déjà à bout de souffle.
Le retour de Venancio Mondlane marque un tournant dans la crise politique mozambicaine. Sa détermination à rester et à poursuivre la lutte pourrait galvaniser ses partisans, mais aussi intensifier les divisions. Alors que le pays s’apprête à inaugurer un nouveau président, l’avenir du Mozambique repose sur la capacité de ses dirigeants à engager un dialogue sincère pour éviter de sombrer dans le chaos.