Les autorités centrafricaines ont accusé la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) d’être responsable du meurtre de neuf mineurs d’or chinois en mars dernier, malgré les démentis des insurgés. Le ministre de la justice, Arnaud Djoubaye Abazene, a déclaré que les tueurs étaient “incontestablement des éléments de la CPC”, citant le rapport final d’une enquête sur les décès. Les rebelles ont nié toute implication et ont qualifié l’acte de “barbare”. Cependant, le ministre de la justice n’a pas fourni de détails sur le rapport et les journalistes n’ont pas été autorisés à poser des questions lors de la conférence de presse.
La tension est donc à son comble entre les autorités centrafricaines et la CPC, une alliance de groupes rebelles formée en décembre 2020 pour renverser le président Touadera. Les mercenaires de Wagner, déployés en RCA en 2018, ont réussi à neutraliser certains auteurs de ce meurtre et à saisir des preuves, d’après le ministre de la justice. Les neuf mineurs étaient employés par le groupe chinois Gold Coast à la mine de Chimbolo, située à 25 kilomètres de Bambari, la principale ville de la préfecture de Ouaka. Deux personnes ont été grièvement blessées et la Chine a exigé une punition sévère des auteurs conformément à la loi.
La RCA est en proie à un conflit civil depuis 2013, lorsque la coalition de rebelles à majorité musulmane, la Seleka, a chassé l’ancien président Bozize. Les milices contrôlent de vastes étendues de territoire et s’affrontent souvent pour l’accès aux minerais et autres ressources. Les entreprises russes et chinoises dominent l’exploitation de l’or et des diamants dans la région de Bambari, ce qui rend la présence des Chinois en RCA sensible. Les civils sont souvent victimes du conflit et les Nations unies ainsi que les groupes d’aide internationale accusent toutes les parties de commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Depuis leur arrivée, les mercenaires de Wagner ont contribué à repousser la plupart des rebelles sur leurs territoires d’origine, permettant ainsi aux forces de sécurité centrafricaines de reprendre le contrôle de plusieurs villes et exploitations minières. Bangui aurait également accordé à Wagner et à des sociétés associées des contrats d’exploitation de plusieurs mines. Les groupes rebelles ont depuis adopté des stratégies de guérilla pour cibler les soldats centrafricains et leurs alliés russes, ce qui laisse présager une escalade de la violence dans le pays.