La réunion tant attendue des chefs d’état-major des armées des États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a été reportée au 17 août et se tient enfin dans la capitale ghanéenne, Accra. Cette conférence s’étalera sur deux jours et a pour objectif de finaliser les plans d’une éventuelle intervention militaire visant à rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Néanmoins, cette option est sujette à plusieurs défis et incertitudes. Notre envoyé spécial à Accra, Jean-Luc Aplogan, nous éclaire sur les développements de cette réunion cruciale.
La conférence, hébergée au camp Burma à Accra, rassemble non seulement les chefs d’état-major, mais également le Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la Cédéao, Abdel Fatau Moussa. Les contours de la force d’attente ont déjà été définis lors d’une réunion antérieure à Abuja. D’après nos informations, les discussions tourneront principalement autour de la finalisation du plan d’intervention militaire au Niger, ce que nous apprend Jean-Luc Aplogan depuis Cotonou. Les effectifs des pays contributeurs tels que le Sénégal, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Nigeria ont été précisément déterminés en ce qui concerne le regroupement et le déploiement des unités.
Bien que des voix favorables à une solution diplomatique aient émergé, il n’y a pas eu de contre-ordre du commandement de la Cédéao concernant l’activation et le déploiement d’une intervention militaire. Cependant, les partisans de cette option font face à une série de défis. D’une part, des divisions internes au sein de la Cédéao, avec des pays comme le Cap-Vert et le Nigeria exprimant leur opposition à une telle intervention. D’autre part, l’Union africaine pourrait condamner l’usage de la force, tandis que les États-Unis préconisent une résolution pacifique par la voie diplomatique. En outre, des obstacles juridiques et opérationnels compliquent la mise en œuvre d’une telle intervention.
Bien que l’option militaire demeure une option, la Cédéao privilégie le dialogue et la diplomatie avec le gouvernement nigérien. Cependant, en cas d’échec, la Cédéao risque de voir un régime militaire s’installer au pouvoir à Niamey pour la quatrième fois consécutive. L’issue de cette réunion à Accra reste incertaine, mais elle déterminera en grande partie les prochains chapitres de cette situation complexe.
La préoccupation suscitée par le coup d’État du 26 juillet au Niger s’étend également à l’Afrique centrale. Ali Bongo Odimba, président du Gabon et chef de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac), a dépêché un émissaire auprès du président nigérian Bola Tinubu, président de la Cédéao. Cette délégation vise à exprimer le soutien de la Ceeac envers les mesures prises par la Cédéao pour rétablir la démocratie au Niger. L’envoyé s’est également rendu à Niamey, où il a été reçu par le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte au pouvoir.
La première étape de ce périple diplomatique s’est déroulée à Abuja, où le ministre des Affaires étrangères du Gabon a transmis un message de soutien à Bola Tinubu et à la Cédéao. Les deux organisations régionales partagent l’objectif de rétablir rapidement l’ordre constitutionnel au Niger, reconnaissant l’impact des crises ouest-africaines sur l’Afrique centrale. La collaboration entre la Ceeac et la Cédéao vise à éviter toute ingérence militaire dans la gouvernance démocratique, tout en favorisant la stabilité et la paix dans la région.