L’ancien vice-président nigérian Atiku Abubakar a annoncé, le 16 juillet, son départ du Parti démocratique populaire (PDP), principale formation d’opposition au Nigeria. Ce nouvel abandon s’ajoute à une série de défections qui fragilisent davantage un parti déjà en proie à des divisions internes. Figure historique du PDP et candidat malheureux à plusieurs élections présidentielles, Atiku justifie son départ par des « différences irréconciliables » avec la direction actuelle.
Dans une lettre adressée au président du PDP, datée du 14 juillet, Atiku Abubakar affirme ne plus se reconnaître dans la trajectoire du parti qu’il a pourtant contribué à fonder dans les années 1990. Il annonce son ralliement au Congrès des démocrates africains (ADC), une nouvelle coalition de l’opposition. Selon lui, cette plateforme a pour ambition de faire contrepoids au président Bola Tinubu, qu’il accuse de vouloir instaurer un système de parti unique au Nigeria.
La défection d’Atiku s’inscrit dans un contexte de désintégration progressive du PDP. Plusieurs figures influentes, notamment des gouverneurs du Sud, ont récemment quitté ses rangs pour rejoindre le Congrès des progressistes (APC), le parti au pouvoir. Affaibli par des luttes internes et une absence de leadership clair, le PDP peine à se relever après sa défaite lors de la présidentielle de 2023, où Atiku Abubakar s’était une nouvelle fois présenté.
Ce départ n’est pas une première pour Atiku. Il avait déjà quitté le PDP en 2007 pour se présenter sous une autre étiquette, avant d’y revenir en 2011, de repartir en 2015 pour l’APC, puis de réintégrer le PDP en 2017. Ce va-et-vient entre les partis, presque mécanique à chaque cycle électoral, alimente les critiques. Ses adversaires dénoncent un comportement motivé par le calcul personnel plus que par des convictions idéologiques.
Atiku Abubakar est également accusé d’avoir contribué à la désunion du parti lors du scrutin de 2023. En insistant pour être candidat alors que, selon une règle non écrite de rotation régionale, la candidature aurait dû revenir à un Sudiste, il aurait précipité la rupture avec une partie de l’électorat et des cadres du PDP. Cette fracture interne n’a jamais été résorbée.
Le Congrès des démocrates africains, que rejoint Atiku, regroupe plusieurs poids lourds de la politique nigériane : Peter Obi (Parti travailliste), Rotimi Amaechi (ancien ministre des Transports) ou encore Nasir El Rufai (ex-gouverneur de Kaduna). Mais l’unité de cette coalition reste fragile, les ambitions personnelles de ses membres risquant d’entraver toute stratégie commune. Atiku espère y trouver un dernier souffle politique. Mais pour beaucoup, il est déjà trop tard.