L’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, désormais homme d’affaires, annonce un investissement de 700 millions de dollars (environ 420 milliards FCFA) dans le port de Kribi, au Cameroun. Ce projet vise à renforcer les échanges commerciaux entre le Cameroun et le Nigeria, deux des plus grandes économies d’Afrique de l’Ouest. Le consortium d’Obasanjo, Obasanjo Agro-Allied Business Ltd (OABL), prévoit de diversifier ses activités dans plusieurs secteurs, notamment l’agriculture, le transport maritime, et l’hôtellerie, pour soutenir le commerce transfrontalier.
Obasanjo prévoit de transformer une vaste superficie de 610 hectares au Cameroun pour y développer une ferme dédiée à la culture de soja et de maïs, produits destinés à nourrir son cheptel. Cette initiative s’inscrit dans une logique de création de chaînes de valeur locales et d’amélioration de l’autosuffisance alimentaire. Par ailleurs, OABL s’engage dans la construction d’industries locales, telles que la fabrication d’emballages, la vente en gros d’engrais, et l’édification de plusieurs entrepôts. Le projet prévoit également l’aménagement de 10 hectares pour la transformation du bois, ainsi qu’un hôtel cinq étoiles à Kribi, une ville côtière en plein développement.
Ce projet intervient dans un contexte économique où la dynamique régionale entre le Cameroun et le Nigeria, deux géants africains, devient de plus en plus stratégique. Le port de Kribi, récemment renforcé avec l’achèvement de la phase 2 de son expansion, doit jouer un rôle clé dans l’optimisation du commerce entre ces deux pays voisins. En février 2025, la China Harbour Engineering Company a achevé la remise technique de cette nouvelle infrastructure portuaire, promettant ainsi de désengorger les autres ports comme Apapa et Lekki, au Nigeria, en offrant des services de transbordement et des activités maritimes diversifiées.
L’investissement d’Obasanjo et l’extension du port de Kribi s’inscrivent dans une vision de long terme visant à faciliter les échanges commerciaux au sein de l’Afrique. Avec la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), ce type d’initiative pourrait renforcer l’intégration régionale et faciliter le commerce intra-africain. Le port en eau profonde de Kribi pourrait devenir un véritable carrefour logistique, jouant un rôle central dans l’acheminement des produits entre le Cameroun, le Nigeria et le reste de l’Afrique. Ces investissements pourraient également stimuler la création d’emplois et la croissance dans la région, en particulier dans les secteurs liés à la transformation industrielle et aux infrastructures.
L’influence d’Obasanjo, ancien président du Nigeria, va au-delà de sa réputation politique. Son implication dans des projets agricoles et industriels au Cameroun témoigne de son engagement à contribuer à l’essor économique de l’Afrique de l’Ouest. À travers OABL, l’ex-président transforme son expérience en matière de gouvernance en initiatives concrètes sur le terrain. Toutefois, certains experts estiment que la question de l’informalité dans les échanges entre le Cameroun et le Nigeria pourrait constituer un obstacle à la pleine réalisation des objectifs de cette initiative. La contrebande et le commerce informel, qui représentent une part importante des relations commerciales entre les deux pays, risquent de limiter l’impact des projets ambitieux tels que celui d’Obasanjo.
Enfin, les populations locales pourraient tirer parti de ces investissements, tant sur le plan économique que social. La création de chaînes de valeur locales, l’installation de nouvelles industries et le développement du secteur hôtelier devraient apporter des bénéfices directs, notamment par la création d’emplois. Cependant, la durabilité de ces projets dépendra de l’efficacité des politiques publiques locales et de la capacité des acteurs privés à surmonter les défis liés à la bureaucratie, à la sécurité des investissements et à l’intégration dans un environnement commercial local souvent informel.