En présentant son rapport annuel sur les droits de l’homme dans le monde lundi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a évoqué la guerre dans le Tigré, en Éthiopie, où il a effectué une visite officielle le week-end dernier. Selon ses conclusions, tous les belligérants ont « commis des crimes de guerre » au cours du conflit. Mais sa déclaration a aussitôt été « rejetée » par l’Éthiopie.
L’armée éthiopienne, l’armée érythréenne, les milices amharas, les forces tigréennes, toutes les parties au conflit sont coupables, selon Antony Blinken. Toutes de « crimes de guerre », et les trois premières de « crimes contre l’humanité », les Amharas étant accusés en outre de « nettoyage ethnique ».
« Le conflit dans le nord de l’Éthiopie a été dévastateur. Des hommes, des femmes et des enfants ont été tués. Des femmes et des filles ont été les cibles de formes horribles de violences sexuelles. Des milliers de personnes ont été forcés de fuir leur maison. Des communautés entières ont été spécifiquement ciblées, sur la base de leur appartenance ethnique. Et la plupart du temps, ces actes n’ont pas été aléatoires ou des dommages collatéraux de la guerre. Ils ont été calculés et délibérés. »
Des déclarations « incendiaires », « inopportunes », « simplistes » : la réaction du ministère éthiopien des Affaires étrangères au rapport de la diplomatie américaine ne s’est pas faite attendre. L’Éthiopie accuse notamment Antony Blinken d’avoir épargné la partie tigréenne, notamment des accusations de viols, « malgré les preuves », dit-elle.
Le secrétaire d’État américain a toutefois salué les efforts promis et ceux déjà accomplis dans le cadre de l’accord de paix pour mettre en place une justice transitionnelle. « Ces étapes – la reconnaissance, la reddition de comptes, la réconciliation – sont clés pour briser le cycle de la violence politique et ethnique auquel l’Éthiopie est en proie et qui l’a empêchée d’atteindre son potentiel illimité pendant si longtemps. »
« Cette approche partisane et clivante des États-Unis est malavisée », a pourtant jugé Addis-Abéba, la qualifiant d’« injustifiée ».