Le président camerounais Paul Biya a confirmé, le 9 juillet sur X, sa candidature à l’élection présidentielle prévue pour le 12 octobre 2025. À 92 ans, celui qui dirige le pays depuis plus de quatre décennies relance le débat sur la capacité réelle du chef de l’État à mener campagne et à gouverner.
Cette déclaration, laconique et postée sur les réseaux sociaux, soulève une avalanche de réactions, oscillant entre consternation, résignation et spéculation. L’annonce n’a pas été suivie d’apparition publique ni d’allocution télévisée. Depuis la fête nationale du 20 mai, Paul Biya n’a plus été vu en public, sa dernière prise de parole datant du 10 février, à la veille de la fête de la jeunesse. Une absence prolongée qui nourrit les doutes sur son état de santé et sa capacité à assumer un nouveau mandat.
Depuis 1982, Paul Biya a su déjouer crises politiques, contestations internes et pressions internationales, souvent en misant sur une hypercentralisation du pouvoir et un appareil sécuritaire solide. Sa réélection en 2018 s’était déjà faite dans des conditions controversées, avec une campagne minimaliste. Un seul meeting avait été organisé à Maroua, dans l’Extrême-Nord, alors que le reste du pays voyait défiler les lieutenants du RDPC. Le scénario de 2025 semble s’annoncer encore plus opaque.
À ce stade, aucun calendrier officiel de campagne n’a été dévoilé. Des sources proches du parti évoquent la possibilité de deux déplacements symboliques : l’un dans les régions septentrionales, où le pouvoir a récemment perdu plusieurs soutiens politiques, et l’autre dans les régions anglophones en crise, théâtre d’un conflit armé persistant. Mais ces hypothèses restent fragiles tant l’incertitude domine au sommet de l’État.
Ce huitième mandat, s’il venait à se concrétiser, poserait un double défi : garantir une continuité institutionnelle face à un président vieillissant et répondre aux attentes d’une population majoritairement jeune, en proie au chômage, à la précarité et à un profond désenchantement politique. L’enjeu dépasse donc la personne de Paul Biya : il concerne la pérennité d’un système que certains jugent à bout de souffle.
À mesure que le scrutin approche, la question devient moins celle d’un simple choix électoral que celle d’un passage de témoin inévitable. Même au sein du RDPC, des voix murmurent l’urgence d’une transition maîtrisée. Mais pour l’heure, le silence du président, doublé d’un verrouillage institutionnel, laisse peu d’espace au débat démocratique. Le Cameroun avance, comme souvent, à l’aveugle.